Les vignerons de Montagnac-Domitienne fortement impactés par la gelée noire

 

souchIMG_20210420_174532Les gelées printanières, comme celles que la France a subi ces derniers jours, "arrivent" assez couramment. Mais elles peuvent causer d'importants dégâts, notamment en arboriculture ou en viticulture, selon la période à laquelle elles se produisent et selon les cultures, avec des pertes partielles de plus de 50 % des récoltes.

C'est au printemps que les épisodes de gels sont les plus dangereux car à cette période les cultures sont à un stade plus avancé...

"Les seuils de sensibilité au gel vont varier selon les cultures considérées, les variétés, mais aussi leur stade de développement. À titre d'exemple, certaines cultures peuvent très bien résister aux fortes gelées de janvier-février parce qu'elles sont en dormance/repos végétatif, mais subir des dégâts lors d'épisodes de gel beaucoup plus légers, en termes de température mesurée, une fois en phase de débourrement et lorsque les bourgeons sont alors bien plus fragiles."Selon FranceInfo.

Hors, au mois de mars les température sont montées assez haut sur toute la France ce qui a accéléré la phase de sortie des bourgeons.

Certains s'attendaient à des gelées blanches, d'autres pensaient passer à travers,  mais peu d'agriculteurs auraient imaginé une gelée "Noire" aussi intense sur tout le territoire français.

Il semble suivant Météo France que  deux coulées d’air polaire arctique se soient succédées durant la première quinzaine d’avril (les 5, 6 puis les 11, 12 avril) en entretenant une ambiance bien fraîche sur le pays. Ces masses d’air polaires ont permis ensuite aux gelées de se multiplier sur la France en raison d’un air plutôt sec favorisant des nuits dégagées avec un fort refroidissement par rayonnement nocturne. Les gelées ont eu lieu pratiquement partout atteignant parfois des niveaux record et n’ont globalement épargné que certaines portions du littoral ouest (Mer du nord, Manche , Atlantique) et surtout méditerranéen.

Sauf durant la nuit du 7 au 8 avril  2021 sur l'Hérault où des températures sont descendues au-dessous de -5°.

Les agriculteurs connaissent bien ce fléau et, pour certains, sont assurés et/ou équipés pour lutter contre les températures négatives sur leurs parcelles.


"On parle de lutte indirecte quand l'agriculteur met en place des stratégies d'évitement et pratiques culturales pour ne pas confronter ses cultures aux gelées pendant les phases où elles sont le plus sensibles (décalage des semis, adaptations des variétés, …). Cette technique n’est pas toujours applicable dans les vergers et pour les vignes notamment.
La lutte directe consiste à déployer des moyens de protection, de brassage de l'air, de chauffage, ou d'aspersion des cultures..."

Oui, mais ces techniques sont assez onéreuses et dans le secteur qui nous concerne, les revenus ne sont pas suffisants pour envisager chez les viticulteurs des dépenses pour le gel. De toute façon, les températures étaient bien trop basses et à 6 h AM, ce fut une gelée noire, avec des petites feuilles, des bourgeons et des petites poussent qui furent brûlées par le froid, et donc qui ont noirci. Si la gelée blanche est moins agressive (gelée de rayonnement), cette gelée noire a même impacté des parcelles pourtant réputées à l'abri...(-4;-5°)

Pour les secteurs qui concernent la Cave Montagnac-Domitienne, Frédéric Clérissi, Technicien "Amont" de la structure nous précise que  85% des parcelles viticoles ont été touchées et au niveau des bourgeons pratiquement entre 90 et 100%...

"Cela va impliquer une perte de récolte évaluée pour la cave Montagnac-Domitienne à 110 /115  000  HL, soit les 2/3 d'une récolte moyenne. (170 000 HL)"

Une catastrophe souchIMG_20210418_173207

Toutefois, il semble qu'il reste un peu de potentiel pour 2021, avec une seconde sortie de la végétation qui ne devrait pas être trop fructifère, mais pour évaluer celle-ci il faudra attendre fin avril.

Question assurances il faut savoir que seulement 16% des exploitations agricoles seraient assurées dans l'Hérault. Pour toutes les autres les mois à venir seront très compliqués et fonction des décisions à venir de l'ETAT. Celles qui sont assurées auront des indemnités (franchise de 30%), sachant qu'en général les exploitants ont souscrits des contrats socles, financés à 60% par l'Europe  pour le gel, la grêle, les événements climatiques...

Pour l'instant, mis à part de "ne pas tomber les bouts,morts", il faut attendre, assurer une bonne protection de ce qui va pousser pour que les souches ne souffrent pas trop cette année en se préservant pour 2022. Eventuellement, en mai, au moment de la floraison les viticulteurs pourront utiliser des stimulateurs de croissance.

Et du côté financier chacun va gérer comme il peut :

 

Le Premier Ministre lors de sa venue à Montagnac, à la cave coopérative a annoncé une série de mesures qui représentent une mobilisation estimée à près de 1 milliard d’euros. Au programme : exonération des cotisations sociales et patronales, dégrèvement de la TFNB, recours possible au chômage partiel, accès exceptionnel au régime des calamités agricoles pour les viticulteurs, etc.

La Fédération Française des Assurances a annoncé le 15 avril 2021 des mesures pour les agriculteurs assurés, et notamment un étalement des cotisations, et le versement rapide des indemnisations. Les assureurs préconisent également une réforme du régime des couvertures des risques agricoles.
La Région, le Département,les Agglos et les communes se sont mobilisés et s'adapteront aux décisions finales prises par le Gouvernement.
Car il faut savoir que même si le système de calamités agricole sa été enclenché, en principe, pour la vigne cela ne concerne pas la récolte mais uniquement les souches... Car les viticulteurs peuvent assurer leurs vignes, tandis que (par exemple) les arboriculteurs ne peuvent assurer leurs cultures.souchIMG_20210420_175746
 
Qu'en sera-t-il du fonds de solidarité ? C'est le Gouvernement qui est aux commandes pour peut-être l'ouvrir exceptionnellement cette fois en sachant qu'il y a un problème d'éthique, les aides devant être distribuées d'une façon égalitaire...
 
Et si 1 milliard a été proposé par le 1er Ministre, à Montagnac, l'on estime pour la viticulture française des pertes à hauteur de 3 milliards et pour l'agriculture française, entre 4 et 5 milliards
Les dernières mesures prises par le Gouvernement :
 
(Rien d'officiel à priori, mais il serait envisagé outre, les mesures citées plus haut, de faire rentrer la viticulture en "calamités agricoles" avec un déplafonnement à 40%, et la mise en place du Fonds de solidarité ? A suivre et à vérifier...
 
Toutefois, il ne faut pas éluder la multiplication de ces gelées qui avec les modifications du climat risquent d'être récurrentes...
Pour le long terme des idées apparaissent comme, pour les assurances, le fait que tous les vignerons assurent leurs vignes pour que les primes puissent ainsi être moins onéreuses ?... Cela suffira-t-il ?
 
Et pour ne pas faciliter les choses, la sécheresse pourrait être de la partie en 2021.
Les terroirs de l'Hérault sont déjà en déficit hydrique. Si pour cette année, suite à la gelée noire, il y aura peu de charge en raisins, les modifications météorologiques liées aux changements climatiques sont à prendre en compte pour que dans notre région le monde viticole puisse se projeter dans un avenir meilleur...

L'Observatoire viticole

Pixabay

Initiative unique dans le paysage viticole français, l'Observatoire viticole, créé par le Département de l'Hérault, est un outil important d'analyse et de suivi de la filière pour les acteurs de la viticulture héraultaise.

Les missions

Laboratoire d'idées au service de l'expérimentation dans des domaines innovants de la filière, il permet de réfléchir collectivement à de nouvelles approches (ex. : lutte contre la sécheresse).

Les principales missions de l’Observatoire viticole sont :

  • Un lieu de rencontre et de réflexion pour la profession viticole, en termes de stratégie, de prospective,  d’actualité et de projets,
  • Un support d’animation pour des rencontres techniques professionnelles sur des thèmes d’actualité viticole,
  • La réalisation d’un support Millésime cumulant la climatologie, l’agropédologie (étude des sols) et l’œnologie,
  • L’appui à l’expérimentation de cépages tolérants aux maladies cryptogamiques et à la sécheresse.

Autre expérience inédite initiée par le Département : l'Oenothèque de l’Hérault située dans les caves du bâtiment emblématique Pierresvives, dédié à Montpellier à l‘accueil des archives départementales. Plus de 3 500 bouteilles de 170 références de vins rouges de différents millésimes (2009, 2012 et 2013) sont conservées en sous-sol, dans le plus grand secret et dans des conditions optimales (température, hygrométrie, …).

Ces vins sont évalués chaque année par une commission d'experts. Les résultats recueillis sont ensuite analysés par l’Observatoire viticole.

Il s’agit d’améliorer la notoriété des vins de l’Hérault en démontrant qu’en plus d’être des produits de qualité, les vins de l’Hérault présentent également un potentiel de garde important.

En 2019, le premier millésime conservé au sein de l’Oenothèque a eu 10 ans !

Cette expérimentation sur les vins de garde est élargie aux œnothèques (caves viticoles) privées qui détiennent des trésors (millésimes anciens).

Le mois de Février à l'Abbaye de Valmagne

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Pêche et conchyliculture / Covid-19 - L’État et la Région lancent un dispositif de soutien complet en faveur de la pêche et de la conchyliculture

Face à la crise sanitaire exceptionnelle, les professionnels de la pêche et de la conchyliculture, rencontrent de sérieuses difficultés économiques. En effet, les ventes vers les restaurateurs, sur les marchés de proximité, dans la grande distribution ou via les mareyeurs qui approvisionnent les marchés espagnols et italiens à partir des criées d’Occitanie se sont effondrées. Ainsi, afin de soutenir ces activités alimentaires, l’État et la Région lancent un « Plan Pêche » doté de dispositifs complémentaires et adaptés aux besoins spécifiques de la pêche et de la conchyliculture.

Le « Plan Pêche État / Région » se compose de mesures mises en place par l’État et la Région relevant des dispositifs d’aide aux entreprises en difficulté complété par des mesures spécifiques à la filière pêche.

Le plan pêche comporte les dispositifs suivants :

  • La prise en charge des salaires des marins et capitaines de navires de pêche salariés, dans le cadre du chômage partiel mis en place par l’État et ouvert au secteur de la pêche ;
  • Le mécanisme de prêt bancaire de la BPI-France (ou dans les banques traditionnelles), garanti par l’État, doit notamment permettre d’assurer la trésorerie des entreprises, en attendant le versement des différentes aides ;
  • Le Fonds National de Solidarité (FNS) [1] pour toutes les entreprises de pêche de moins d’1M d’€ de chiffres d’affaires pouvant justifier d’une comptabilité, et dont le chiffre d’affaires a baissé d’au moins 50 % entre le mois de mars 2019 et mars 2020, volet 1 pour tous (d’un montant de 1500€) pouvant être abondé d’un soutien complémentaire de 2000€ pour les situations les plus difficiles afin d’éviter la faillite (volet 2) ;
  • La possibilité de report d’échéances sociales/fiscales : report de la date de paiement des cotisations, ainsi que la suspension de leurs impôts et cotisations sociales (jusqu’à trois mois, sans qu’aucune pénalité ne soit appliquée) ;
  • La possibilité de suspension de certaines factures (factures d’eau, de gaz, d’électricité et de loyers dans le cadre d’un geste demandé aux bailleurs et aux fournisseurs d’énergie pour les petites entreprises les plus en difficulté).
  • Pour les navires, la prise en charge des frais fixes des navires pourra faire l’objet d’arrêts temporaires financés sur le FEAMP (Fonds Européen pour les Affaires Maritimes et la Pêche) financé par l’Europe (75 %) et l’État (25%). Ce dispositif Etat/Europe d’arrêts temporaires, a vocation à compenser la chute d’activité. Suite à la demande de la présidente de la Région Occitanie auprès du ministre de l’Agriculture, ce dispositif est appliqué rétroactivement dès le 1er jour d’arrêt, le fractionnement par période de 1 jour permettant de maintenir une activité minimale, et la prise en compte des spécificités de certaines flottilles ;
  • Pour aider spécifiquement les petits métiers la Région Occitanie met en place un Fonds de Solidarité Pêche qui prévoit :
    • l’attribution d’une aide de 1 500€ pour ceux qui ne peuvent prétendre au Fond National de Solidarité
    • l’attribution d’un complément sur les charges fixes allant de 500 à 1 500€

Les conchyliculteurs de l'étang de Thau bénéficieront d'une aide d'urgence de 1000€ par table exploitée

Patrice Lafont, président du CRCM (Comité Régional Conchylicole de Méditerranée), a annoncé que les conchyliculteurs de l'étang de Thau bénéficieront d'une aide d'urgence de 1000€ par table exploitée.

La Région Occitanie, le Département de l’Hérault et Sète Agglopôle Méditerranée mobiliseront chacun 1 million d'euros.

Cette aide a pour objet de pallier les difficultés que la profession a rencontrées lors de la pandémie de Covid 19.

Patrice Lafont est satisfait de l'obtention de cette aide que seuls les conchyliculteurs de la côte méditerranéenne recevront.

Les entreprises concernées trouveront le formulaire de demande d'aide, ainsi que le communiqué du CRCM.

Les ostréiculteurs peinent à vendre leurs coquillages

Surstocks et huîtres trop grosses, les ostréiculteurs peinent à vendre leurs coquillages...

Reportage vidéo de France 3 Occitanie : avec le confinement, les stocks d'huîtres se sont accumulés. 2.000 tonnes de surplus pour l'étang de Thau.

Alors que la filière est déconfinée, les étals sont bien achalandés. Mais comme les ventes sont au plus bas, les producteurs peinent à écouler la marchandise. Reportage : L.Calmels et C.Métairon.

Covid19 - Le département versera des aides financières à la filière pêche

Avec une baisse de la demande nationale de près de 75% en un mois, la filière pêche est particulièrement touchée par la crise sanitaire.

Près de 500 000 € d’aides financières. C’est le montant que Kléber Mesquida, Président du Département de l'Hérault, entend apporter dans un premier temps aux filières pêche et conchyliculture. Ces sommes seront soumises au vote des élus départementaux le 24 avril prochain. Elles répondent à l’urgence de la situation et seront complétées par de nouvelles aides dans un second temps.

Bateau, De Pêche, Tropique, Océan

Avec une baisse de la demande nationale de près de 75% en un mois, la filière pêche est particulièrement touchée par la crise sanitaire.

« Le Département est fortement mobilisé pour gérer cette crise sanitaire hors normes. Notre responsabilité : ne laisser personne sur le bord du chemin. Je vais soumettre au vote des élus départementaux des aides financières très importantes pour les pêcheurs et conchyliculteurs, souvent structurés en très petites entreprises. » Kléber Mesquida, le président du Département de l’Hérault.

ZOOM SUR LA CRIÉE D'AGDE 

Le Département se mobilise également pour la Criée du Grau d’Agde, maillon essentiel dans la poursuite de l'activité de pêche durant la crise sanitaire.

Malgré le confinement la criée a réussi à maintenir son activité en proposant plusieurs jours d’ouvertures dès le 23 mars. Cette semaine elle a ré-ouvert ses portes de façon continue (5 jours par semaine).

Car même en cette période les acheteurs sont toujours en demande.

  • Les mareyeurs par exemple approvisionnent les poissonniers ou d’autres mareyeurs principalement en Espagne et en Italie, où les frontières sont ouvertes pour le passage de marchandises.  Un poisson pêché ce matin sera ainsi vendu à la Criée cet après-midi et arrivera à 1h du matin à Barcelone.
  • Certains poissonniers viennent également se fournir directement à la criée du Grau d’Agde. Ils vendent en commerce, sur des marchés ou dans des halles. Ils viennent de l’Hérault mais également de l’Aude, du Gard ou des Pyrénées Orientales.

Mareyeurs ou poissonniers, les acheteurs pourront s’approvisionner de façon optimale et sécurisée. La Criée a en effet adapté son fonctionnement et propose une nouvelle organisation, compatible avec le respect des gestes barrières :

  • Des masques, des gants et des gels hydroalcooliques sont proposés gratuitement à l'équipe criée et aux acheteurs.
  • Des aménagements ont été réalisés pour respecter les distances de sécurité sur les bancs dédiés aux acheteurs.

En soutien le Département fournit 2 000 masques de protection FFP1 à l’attention des usagers de la criée et de son personnel pour permettre la continuité de l’activité dans les meilleures conditions de sécurité sanitaire. Des aides financières vont également être proposées au vote des élus départementaux le 24 avril prochain.

 Le Département est propriétaire du port de pêche du Grau d’Agde. Il s’y est fortement engagé en investissant 10 M d’€ en 10 ans dans l’agrandissement et la modernisation de sa criée. La criée s’est également dotée d’un circuit de visite « le Belvédère » afin de faire découvrir au grand public toutes les facettes des métiers de la pêche. https://www.crieeagde.com 

L'avenir de nos terroirs


image :  Alohamalakhov/Pixabay

« Quelle agriculture pour demain ? » s’interrogeait un café citoyen à Mauguio début mars. La COP 21, le Salon international de l’Agriculture à Paris, la 11e Semaine mondiale pour des alternatives aux pesticides, du 20 au 30 mars, fournissent autant d’occasions de réfléchir, débattre, alerter, sur l’état et le devenir de la production agricole, encore massivement viticole autour de Montpellier et dans l’Hérault. Acteurs économiques - producteurs, groupes agroalimentaires, distributeurs -, acteurs politiques, du gouvernement aux pouvoirs locaux et aux partis, consommateurs, nous voilà tous concernés. Chacun fait entendre sa voix, parfois avec véhémence, ou pèse de son silence sur le débat. Le consommateur qui veut manger sain, mais hésite à payer un surcoût, l’élu qui défend un périmètre agricole pour nourrir sa métropole, mais fait face à une pression foncière grandissante, le vigneron qui livre son vin en gare St Roch à Montpellier, Ségolène Royal venue à Escale à Sète s’engager contre les pesticides? C’est un premier pas. Un nombre grandissant de courants s’accorde sur l’urgence à passer de la parole aux actes. Alors oui, quelle agriculture, quelle viticulture voulez-vous pour demain? La réponse n’est pas seulement économique, politique, environnementale ou philosophique, elle est aussi citoyenne.

 

Pesticides : des chiffres contre des idées reçues

  • Une consommation de pesticides en hausse: +5,8 % entre 2011 et 2014, + 9,4 % entre 2013 et 2014, faisant de la France le 2e utilisateur en Europe, après l’Espagne.
  • 3/4 des principales cultures alimentaires dépendent des pollinisateurs, victimes des pesticides.
  • Plan Ecophyto, de réduction de moitié des herbicides, lancé en 2009 : a échoué. Repoussé de dix ans en Octobre 2015, objectif 2025
  • Nous portons tous de traces de pesticides sur nous, selon l’Institut de veille sanitaire.
  • Néonicotinoïdes: pesticides tueurs d’abeilles. Le Ministre Le Foll reconnaît leur toxicité, mais aucun chiffre n’est disponible sur les quantités utilisées en France.
  • Le coût des pesticides: l’étude de deux chercheurs de l’INRA, Thomas Guillemaud et le Montpelliérain Denis Bourguet, chercheur au Centre de biologie pour la gestion des populations (INRA, Cirad, IRD, SupAgro Montpellier) sur les années 1990 aux Etats-Unis, publiée dans Sustainable Agriculture Reviews chiffre à 27 milliards de dollars par an les gains et 40 milliards de dollars les coûts. Parmi eux, les couts économiques sont d’ordinaire peu évalués ou sous-estimés, comme la perte de productivité par usure des sols, ou la résistance aux pesticides. S’y ajoutent des coûts sanitaires (frais médicaux, maladies chroniques, ) environnementaux (pollinisation) réglementaires (contrôles, dépollutions) et d’évitement (surcoûts de consommation bio).

L’agroécologie
« La pratique agricole ne doit pas se cantonner à une technique, mais envisager l’ensemble du milieu dans lequel elle s’inscrit avec une véritable écologie » écrivent Jacques Caplat, agronome, et Pierre Rahbi Le Monde du 15 mars. Cette pratique alternative vise, entre autre, à utiliser les interactions entre écosystèmes, cultures associées, insectes prédateurs auxiliaires, plutôt que des intrants chimiques. Elle refertilise les sols, lutte contre la désertification en visant à « réinvestir les campagnes », préserve la biodiversité - dont les semences-, et optimise l’usage de l’eau. Elle se présente comme « une alternative peu coûteuse », pour une agriculture de qualité, dont les rendements sont désormais aussi bons que ceux de l’agriculture conventionnelle. L’agroécologie prône les circuits courts, court-circuit de la logique des grands groupes et des grandes surfaces. « L’agroécologie est … un humanisme véritable » selon ses penseurs.

   

Des questions et des chiffres

Qui nous nourrira demain? Les agriculteurs disparaissent, qui travaillent pour une rémunération de misère, leur prix de vente étant inférieur au prix de revient, et font figure de premières victimes des pesticides qu’ils épandent.
Comment faire face à l’augmentation de la population mondiale ?
Les fermes de mille vaches dans le nord de l’Europe, ou plus vastes encore en Chine sont-elles la solution ? Les vieux démons resurgissent, avec un cas avéré de vache folle en France le 24 mars.
Sur quelles terres? Si elles n’ont plus de valeur dans le centre de la France, elles en ont trop en zones péri-urbaines dans le Sud. Et la terre s’épuise à nous donner ses fruits. Les agronomes Lydia et Claude Bourguignon nous alertent depuis trente ans sur l’érosion des sols, sur lesquels nous ne pourrons plus cultiver. Notre système d’exploitation arrive en bout de course.
Quels effets de nos modes de production sur la santé et l’environnement ?
Le risque sur la santé est triple: cancérogène, mutagène (toxicité pour l’ADN), endocrinien, sur la fertilité, le fœtus et l’enfant, selon les travaux du professeur Charles Sultan à Montpellier. On s’interroge sur un effet cocktail, multiplicateur, entre différentes substances.
Les alertes des chercheurs sur les altérations climatiques, sur la raréfaction de l’eau pour les productions, largement évoquées à la COP 21 à Paris, ne se sont pas traduites en actes. La semaine pour les alternatives aux pesticides met en lumière la présence de résidus dans notre eau potable, touchant 400 000 habitants dans l’Hérault selon une enquête de Midi Libre. Après la bataille contre les pesticides « tueurs d’abeilles » à l’Assemblée Nationale, celle autour du glyphosate va se porter à la commission européenne à Bruxelles. Pollution de l’air, de l’eau, des sols, les signaux se multiplient pour nous engager à changer de pratiques.
Et l’idée gagne du terrain … agricole. Les surfaces en culture biologique progressent, + 17 % en 2015, et couvrent 1,5 million d’hectares. 24 000 ha de vignes sont convertis en Languedoc-Roussillon, champion de la viticulture biologique (30 % de la production nationale). 65% des Français ont consommé régulièrement des produits bios en 2015, contre 37 % en 2003.
Des alternatives sont pensées à tous les niveaux. Sudvinbio accompagne les viticulteurs dans leur conversion et leur adaptation à de nouvelles pratiques. Le concept d’agroécologie entre dans les esprits. Il est inscrit depuis Octobre 2014 dans la loi d’avenir de l’agriculture. Le Ministre, Stéphane Le Foll veut maintenant en introduire des principes dans les cahiers des charges de l’INAO, qui délivre AOP, IGP et labels rouges, sur la base de changements « qui ne peuvent être instantanés, mais progressifs ».
Les pouvoirs locaux ne sont pas en reste. Au 3e Parlement des territoires à Castries, 110 élus de huit départements s’engagent à poursuivre leur démarche de coopération territoriale entre monde rural, urbain et périurbain (…) « à défendre conjointement la production locale viti-vinicole »
Montpellier Méditerranée Métropole, qui intègre une commission à l’agroécologie, s’est engagée dans une réflexion pour la sauvegarde de terres agricoles en zone péri-urbaine. La question agite nos territoires, du pays de l’Or au pays de Thau. De Mauguio, Castries à Montbazin, des collectifs sensibilisent, invitent à des actions. Les initiatives locales ne manquent pas d’imagination pour mettre sur pied des circuits courts (marchés, paniers, boutiques) afin de privilégier les productions de proximité et minimiser les transports. En toile de fond, ce sont de nouvelles solidarités que portent ces expériences locales. Le Village des possibles à Montpellier fin mars en est l’illustration.
Le tableau s’assombrit quand le Ministre Stéphane Le Foll lui-même écrit aux députés pour ne pas procéder à l’interdiction brutale des néonicotinoïdes, qui sont finalement disponibles jusqu’en 2018, ou que les échéances des programmes Ecophyto sont repoussées de dix ans. Les déclarations d’intentions ne suffisent plus. Le Président de la Fabrique citoyenne à Mauguio, Daniel Bourguet, résume : « Il y a du pain sur la planche, mais plus que parler, il faut maintenant agir ». N’est-ce pas ce qu’est venue dire la Ministre de l’environnement à Sète ?

Florence Monferran