L'étudiant, le phénix et les chercheurs d'or

« Pourquoi Montpellier après l'effervescence du printemps et de l'été commençant devient-elle en août une ville morte? Que deviennent en été les 65 000 étudiants qui fréquentent nos universités ? S'évaporent-ils?»
Je ne suis pas Sherlock Holmes, je ne joue pas de violon et je ne me pique pas à la cocaïne. Je ne possède pas le réseau de cellules grises qui autorise l'arrogant Poirot à venir à bout des questions épineuses et des énigmes les plus tordues.
Pourtant, une amie montpelliéraine m'a demandé d'enquêter sur le décès estival de Montpellier et sur ces disparitions estudiantines massives qui la rendaient soucieuse.
Hormis la question de l'agenda, plein comme un œuf de Pâques en juillet et un peu plus vide en août (litote), la deuxième question répond à la première.
La ville de la mi-août sonne le creux en l'absence de certains des joyeux caquets qui, au crépuscule, peuplent et sonorisent La Comédie, les abords de Castellane et la moindre placette de l'Ecusson.
La vraie question serait donc où sont passés les talents ? Où est passé cet or qui faisait vibrer la ville ?
En fait, talents et voix d'or s'épanouissent partout. Même à Tresques (1750 habitants, Gard).
On aura une petite idée de la chose en lisant Le Midi Libre (14-08). René Koering y raconte comment, au milieu de nulle part, dans une localité « sans piscine, sans bistrot, sans feu rouge », il a monté un petit Montpellier musical. Avec un carnet d'adresses plutôt qu'un carnet de chèques !
Cependant, pianistes internationaux, rockers, jazzmen, acteurs, images et sons envahissent le village.
Le maestro, septuagénaire confirmé, y a posé ses valises sans renoncer au plaisir de tirer de nouveaux feux d'artifice.
Bref, aux âmes bien nées, le temps ne décompte pas le nombre des années ! Et si l'on constate, en août, l'évaporation des étudiants montpelliérains avec une partie de leurs hôtes, est-il impertinent de suggérer qu'on leur donne de bonnes raisons de rester ? Sans compter que rien n'interdirait de susciter parmi eux les nouveaux talents d'organisateurs, d'animateurs et d'artistes qui demain prendraient le relais des gloires établies !
Un phénix peut toujours renaître, ailleurs, mais la détection de nouveaux créateurs, de nouveaux virtuoses, de nouvelles « petites mains », est la garantie de la vitalité pérenne de la cité.
On suggérera donc aux responsables culturels et politiques de déployer leurs antennes personnelles et tous leurs outils de détection. Même les gendarmes le font désormais, et avec succès ! Jeudi 14, la presse régionale titrait : « Hérault : 2 kg d'or retrouvés chez des cambrioleurs détectés par visio-alarme»

Jean-Yves Ruaux