L'abbé Pierre accusé de violences sexuelles : quelles peuvent être les suites judiciaires ?


Le religieux, mort en 2007, ne peut plus faire l'objet de poursuites, tandis que la plupart des faits risquent d'être considérés comme prescrits. En outre, les poursuites pour "non-dénonciation" s'annoncent compliquées sur le plan pénal. 

Selon France Infos : Détective, Découvrez, Recherche

Il a été une personnalité adulée par les Français. Dix-sept ans après sa mort, l'abbé Pierre est désormais décrit comme un prédateur sexuel. Après la publication, au cours de l'été, de deux rapports commandés par le mouvement Emmaüs et la Fondation Abbé-Pierre, 24 femmes l'accusent désormais de violences sexuelles, avec notamment des baisers, des masturbations et de fellations forcés.

Après le second rapport du cabinet spécialisé Egae, rendu public par la fondation vendredi 6 septembre, plusieurs associations ont réclamé des suites judiciaires. "Je trouve ça scandaleux que la justice soit silencieuse", a ainsi dénoncé sur franceinfo Arnaud Gallais, cofondateur de l'association de défense des droits de l'enfant Mouv'Enfants. Ce dernier exige une "autosaisine du parquet" au nom de la "dignité pour les victimes". Reste à savoir quelles suites judiciaires pourraient être envisagées.

Impossible de juger l'abbé Pierre après sa mort

Puisqu'il est décédé, l'abbé Pierre ne peut plus faire l'objet de poursuites judiciaires. "Les actions au pénal contre lui sont irrecevables car éteintes", rappelle à franceinfo Benjamin Moron-Puech, professeur de droit privé et de sciences criminelles à l'université Lumière Lyon 2. Par ailleurs, la plupart des faits relatés sont prescrits, estime auprès de franceinfo l'avocate Carine Durrieu Diebolt, qui défend les victimes de viols et d'agressions sexuelles.

Mais "pour la parole des femmes qui témoignent, ce serait important qu'elles soient entendues par la justice française", a estimé vendredi sur franceinfo la cofondatrice du collectif Action juridique féministe, Violaine de Filippis-Abate. Si l'avocate estime que les suites judiciaires"semblent peu probables", elle souligne que "le parquet peut quand même ouvrir une enquête pour des faits prescrits" dans le but de "recueillir la parole des victimes et faire le point sur ce qu'il s'est passé".

Selon France Info : https://www.francetvinfo.fr/societe/harcelement-sexuel/l-abbe-pierre-accuse-de-violences-sexuelles-quelles-peuvent-etre-les-suites-judiciaires_6768571.html