« Siberia » ou l'Italie à la mode russe
Samedi 22 juillet, le Festival Radio-France Montpellier Occitanie a fait renaître un opéra italien de 1903 du compositeur vériste Umberto Giordano, intitulé « Sibéria » qui a rencontré beaucoup de succès en son temps. De nos jours, seul l'opéra « André Chénier » de ce compositeur reste joué.
La représentation de samedi soir à l'Opéra Berlioz du Corum à Montpellier valait surtout par la présence de Sonya Yontcheva dans le rôle de Stephana, de Domingo Hindoyan, à la direction de l'orchestre de Montpellier au grand complet et du chœur de la Radio Lettone joint à celui de Montpellier.
L'argument de « Sibéria » résulte du goût que l'Italie eut pour la Russie au tournant du XXe et s'inspire donc d'œuvres littéraires et musicales russes en vogue à ce moment-là : les romans de Dostoïevski, de Tolstoï et des chants populaires comme « Le chant de la Volga » très bien interprété par le chœur masculin de la Radio Lettone.
C'est l'histoire de Stéphana, une jeune prostituée protégée par Gleby, un ancien amant, et entretenue par le Prince Alexis. Elle s'éprend d'un jeune soldat. L'amant en titre découvre l'idylle et blesse le jeune amoureux qu'il envoie ensuite au bagne en Sibérie. Stéphana décide de l'y suivre. Dans cette région inhospitalière, Gleby la retrouve et veut qu'elle le suive. Mais ayant trouvé l'amour rédempteur dans ces steppes glacées, elle refuse, il se venge, elle est tuée. Dès le premier acte, le drame est noué. L'acte suivant est une évocation de la fameuse route du bagne de Sibérie dont les habitants étaient aussi misérables que les bagnards. Avec la réapparition de Gleby, le troisième acte mène inexorablement à la mort.
Gabriele Viviani, Sonya Yoncheva, Domingo Hindoyan, Murat Karahan dans Siberia de Giordano (© Luc Jennepin)
Sonya Yontcheva, magnifique soprano dotée d'une voix puissante et chaude qu'en excellente comédienne, elle sait moduler selon la psychologie des personnages, fut une superbe Stéphana, sensuelle, courageuse et émouvante, très longuement applaudie. Elle était accompagnée d'un Gleby à sa hauteur, chanté par le baryton Gabriele Viviani à la voix puissante dont la sincérité nous attendrit un moment au troisième acte. Murat Karahan, ténor, était Vassili. Même si sa voix atteignait de bonnes performances, elle restait souvent en deçà de celle de sa partenaire. D'autres voix de personnages secondaires se sont révélées très prometteuses comme celle d'Anaïs Constant, soprano à la voix puissante et sûre, remarquée malgré sa très brève intervention et celle de Riccardo Fassi, à la basse profonde.
Même si les spectateurs auraient préféré un opéra russe, et il y avait le choix, ils n'ont pas boudé leur plaisir et ont très chaleureusement applaudi les acteurs de cette soirée.
Publié le 26 juillet 2017 par A.K.