Fazil Say, fidèle du Festival, ovationné.
Mardi 18 juillet, le Corum de Montpellier quasiment comble reçoit un fidèle du Festival de Radio France : Fazil Say pour un concert Mozart.
Ses démêlés judiciaires avec le gouvernement turc se sont enfin terminés par un acquittement en septembre 2016. Et il a reçu le prix Beethoven des droits de l'homme, de la paix, le liberté, l'intégration et la lutte contre la pauvreté.
Cette année, ayant terminé d'enregistrer une intégrale des sonates de Mozart, le Festival lui a demandé de bien vouloir en proposer quelques-unes au public montpelliérain. Il a donc choisi de jouer 4 sonates : KV 330, KV 331, KV 332, KV 333 et la Fantaisie K475, oeuvres conçues en deux ans et qui présentent donc une cohérence particulière qui les place parmi les plus belles des 18 achevées.
Le public montpelliérain, fidèle lui aussi, a donc retrouvé avec bonheur l'interprétation si particulière de Fazil Say. Le pianiste, conversant avec son instrument, s'investit si profondément mentalement et physiquement que l'auditeur semble entendre pour la première fois ces sonates pourtant connues. En accentuant les contrastes rythmiques aussi bien que sonores et en sublimant certaines notes, il théâtralise les registres dramatiques, tragiques, ou lyriques. De culture orientale, son jeu dans la deuxième partie du 1 er mouvement de « Alla Turca » donne un rythme de danses hongroises. Dans les morceaux plus primesautiers comme dans la sonate KV 332, il lui arrive de frôler le rythme jazzy qu'il affectionne particulièrement et dont il offrira une démonstration lors des rappels avec la Marche Turque qui emportera les vivats de la salle. Dans le badinage du début de la sonate KV 333 se manifeste son humour. Dans la Fantaisie K475, l'accentuation du tragique annonce Beethoven et les Romantiques.
Les applaudissements ont été à la mesure de l'interprète qui offrit en prime à ses fidèles tout d'abord sa composition Gezi Park 2 qui exprime tout son amour et sa souffrance pour son pays et qu'il a jouée l'an dernier puis un nocturne de Chopin qui nous renvoyait notre insouciance bienheureuse, une gymnopédie de Satie du même registre et la Marche Turque, façon jazz.
Fazil Say, une fois de plus, a enthousiasmé son public.
Prochain récital pour piano au Corum : jeudi 20 juillet le piano russe de Boris Berezovsky à 20h en direct sur France Musique.
Publié le 20 juillet 2017 par A.K.