C'est le vendredi 21 septembre, après 19 h, que cette commune à une vingtaine de kilomètres au nord de Montpellier se mettait à l'heure de Jean-Jacques Régis Cambacérès.
Thierry Tellier, conférencier
Ce Montpelliérain qui tutoya la grande Histoire et dont à Saint Drézéry la place près de l'église et du château qui portent son nom. Le village évoquait un Saint Drézérien honoraire.
A la bibliothèque municipale, des panneaux rappelaient pour la centaine d'assistants, le Conseil d'Etat, le Consulat, la Restauration, faits ou périodes couvrant la Révolution, le régime napoléonien, le retour des Bourbon, le règne de Louis-Philippe d'Orléans. Et le Code Civil, une de ces "masses de granit" bases de la société française du XIXème siècle.
Dans la présentation que Michel Mercier fit - avec brio - deux points importants de la personnalité de Cambacérès furent mis en valeur. En 1776, à 23 ans, jeune avocat, il se retrouva chargé de famille. Son père, maire de Montpellier, est chassé, ruiné. Régis Cambacérès gardera toujours la peur de "manquer". Aussi, en 1795, resté au Clapas et chargé de la vente des biens nationaux, il acquiert 80 ha à Saint Drézéry autour du "château", en fait un manoir en déshérence. Pâtures, vignes, "grains" rapportaient et étaient une garantie pour des lendemains incertains. Lors du Directoire, il dirigea un cabinet d'affaires à Paris qui traitait avec la compagnie d'Anzin, la famille d'Orléans, tout aussi bien qu'avec des émigrés. L'argent, comme l'on sait, est inodore. Siégeant dans la "Plaine" sous la Convention, il dut son élévation à Bonaparte qui le fascinait.
Après la prise de pouvoir par Bonaparte en novembre 1799, il est second consul. Devenu empereur, Napoléon le couvrira d'honneurs : la titulature de l'archichancelier d'Empire nécessiterait plusieurs lignes pour l'exposer. Et c'est sous le Consulat et en partie sous l'Empire que Cambacérès connaîtra son heure de gloire. Reprenant les travaux du "Comité de législation" de la Convention, il s'attelle à la demande de Bonaparte à l'unification du droit français avec une équipe de juristes. Comme l'a expliqué M. Jean Hilaire historien du Droit - université Panthéon-Assas, " il s'agissait d'unifier droit coutumier et droit romain, la législation de l'Ancien Régime et l'apport révolutionnaire". Cambacérès, secrétaire du Comité jouera un rôle majeur dans l'édification du nouveau code. L'Empereur le surnommait "le codificateur". Le Montpelliérain dut user de toute sa souplesse d'esprit, de son sens du compromis pour construire cette vaste synthèse juridique. Avec succès, car il n'y eut pas de rupture en France dans l'application des lois. En 1804, Napoléon pourra promulguer ce qu'il appelait "mon Code". A la fin de sa vie, sans illusion sur la gloire militaire, il savait que ce qui lui survivrait, ce serait le Code Civil.
Il en est un peu de même pour Jean-Jacques Régis de Cambacérès. Il a traversé la tourmente révolutionnaire, servi Napoléon, signé un des premiers pour son abdication, est revenu pour les 100 Jours. Il manquait sans doute de Vertu, au sens révolutionnaire ou non. Mais il avait bien travaillé.