Un Electre Electrique !
Assister à un spectacle , n'importe quel spectacle, après cette période de disette culturelle est un bonheur, retrouvé. Quant à assister à un spectacle exceptionnel, - comme celui -ci c'est l'assouvissement miraculeux d'un besoin essentiel, donc un bonheur sans nom . La représentation d'« Electre des bas-fonds » ce mercredi 9 et jeudi 10 juin , montée par Simon Abkarian – Cie des 5 roues- originellement programmée en Février au théâtre Molière de Sète a procuré aux amoureux du théâtre et plus généralement du spectacle vivant ce sentiment d’assouvissement absolument digeste.
Un grand soulagement et un immense plaisir. Légèreté.
« Electre des bas fonds » – inspirée du mythe terrifiant des Atrides, n'est pas une pièce drôle , mais certains personnages , secondaires, en particulier celui qu’interprète admirablement le metteur en scène ponctuèrent cette histoire tragique de touches éclatantes d'humour qui firent jaillir des fous rires en plein cœur de l'étreinte ténébreuse enserrant le public dès le début.
Car « Electre des bas-fonds » raconte une histoire terrible, une histoire dont on sent que le sang la conclura.
Et le verbe se montre à la hauteur de l’abîme appréhendée dès le départ, mais le verbe est superbe , lumineux de justesse .
La pièce rappelle une toile où l'obscur dominant se confronte au clair sauvage, indompté, le tout sublimé par une musique omniprésente ( divinement interprétée par le Trio Howlin'Jaws ) , enivrante, au service du texte mais également semblant pouvoir le déclencher
. Et puis, il y ces danses à la fois inquiétantes et jubilatoires qui relient l’éternité et le contemporain . Pour ce qui est du parti pris du metteur en scène : on pourrait simplement dire qu’il a choisi de faire paraître les femmes telles qu'elles sont : courageuses .
En premier lieu, Electre qui, loin du faste des palais où elle a vu le jour, vit dans une maison close et se bat pour une justice qu'elle pense mériter . Mais il y a aussi Clytemnestre qu'Electre considère perfide , lubrique, et qu'elle veut tuer. Cllytemnsetre a , elle, tué Agamemnon , le père adoré D'Electre , et vit avec l’abject et opportuniste Egisthe mais la mère explique très bien sans aucun moralisme tiédasse à la fin de la pièce , mais avec précision et émotion, la raison de son geste : Agamemnon avait sacrifié son autre fille Iphigénie pour satisfaire ses ambitions, notamment pour s'assurer sa victoire dans la guerre de Troie. Et puis il y a encore, la sublime , fragile, Crhysothémis ( admirable!!!) , sœur d'Electre qui dans un geste d’abnégation absolu se donne à l'amant de sa mère,...
Les femmes se haïssent mais se comprennent , elles s’aiment, au fond, parce qu'elle savent ce que souffrir signifie..
Et ces femmes, se sont aussi le cœur le pièce : les troyennes enlevées par les grecs et soumises à la prostitution, tragiques et altruistes, tristes mais pas désœuvrées, belles.Pendant ce temps les hommes, un homme Oreste , le seul frère D'electre revenu d'un long exil a décidé lui aussi de punir le geste fatal de sa mère . Il est un peu pleutre, lui.
On saisi qu'il le serait, complètement, lâche, sans l’appui persistant de son meilleur ami . Mais il possède cet ami vigoureux ,qui a fait reverdir la flamme d'un prince... Avec cette adaptation Simon Abkarian est moderne et juste , tragique et rock n' roll.
Les tirades sont somptueuses , les comédiennes parfaits , la musique , un personnage à part entière . Spectacle total, fou , fin ,pur moment de théâtre . On danse , on chante on rit, on pleure, on vibre. On vit . Re-vit C'est beau et intelligent. Fulgurant stylé mit en scène de manière sobre et intelligente 2 h 30 de joie. « Electre des bas-fonds » a été acclamé a plusieurs reprises par une salle pleine dans les limites des jauges imposées Sur le visage comédiens se lisait un intense plaisir qui réfléchissait ce lui du public. Les musicien jouèrent jusqu'au dernier applaudissement . Le théâtre et plus généralement le spectacle vivant n'existe que que grâce à cet échange là. A ce lien indestructible.