Songes et métamorphoses
D'Ovide à Shakespeare, une œuvre très polymorphe que celle de Guillaume Vincent, qui fut donnée le weekend dernier au Printemps des Comédiens 2017. Spectacle à la recherche du théâtre, de son essence. A la recherche de l'amour, de son essence. Comment dire tout cela ?
En montant le difficile « Songe d'une Nuit d'été » de Shakespeare, maître en théâtre, précédé d'un prologue écrit sur des métamorphoses d'Ovide maître en fantasmes.
Cela donne un spectacle riches en scènes comiques, réalistes et lyriques où s'explosent de jeunes comédiens passionnés.
Les Métamorphoses d'Ovide
Le théâtre séduit dès l'enfance par ses histoires et ses personnages étranges qui meublent l'imagination en gestation. En première partie, dans un théâtre comme à la Commedia dell' Arte, des enfants de CM1 s'emparent de « Narcisse » d'Ovide et offrent ainsi un fort joli moment d'innocence, de grâce et d'imaginaire enfantin. Ils arrivent à point après le prologue d'Henri V de Shakespeare qui enjoint aux spectateurs de libérer leur imagination.
Puis suivant les métamorphoses de l'être humain, on poursuit dans la sphère des adolescents qui, profitant du jeu théâtral sur « Ianthé et Iphis » deux Crétoises amoureuses l'une de l'autre, s'essayent aux transgressions en y prenant goût. Cela libère leur parole réelle et ils se hasardent dans la cour des grands avec des propos contestataires, politiques. Et ils repoussent les barrières plus loin, pourquoi pas l'inceste ? C'est Myrrha amoureuse de son père puis toujours sur le sexe, ce grand inconnu de l'homme : Hermaphrodite. Enfin, ils abordent les affres du monde adulte : l'amour fou, la jalousie, la vengeance avec Procné dont le mari a abusé de sa sœur. Cette suite de saynètes place le théâtre, lieu de rencontres, d'échanges d'idées, de réalisations de nos aspirations profondes, au centre de la vie, qu'il soit amateur ou professionnel car le théâtre est une catharsis.
Les passions amoureuses du "Songe"
La deuxième partie était consacrée à la présentation du « Songe d'une nuit d'été » qui reprend avec le langage poétique propre au théâtre les tourments des êtres humains déjà apparus dans la première partie.
L'argument de la pièce est complexe à souhait. Thésée, Duc d'Athènes doit épouser Hippolyta. Démetrius aime Hermia qui l'aime en retour mais son père la promet à Lysandre qui est aimé d'Héléna. Obéron, roi des Elfes, veut se venger de sa femme Tatiana, reine des fées, qui porte trop d'intérêt à un jeune page. Il ordonne à Puck de verser une potion magique sur les yeux de celle-ci afin qu'elle tombe amoureuse de la première personne qu'elle verra à son réveil. C'est la nuit, tout le monde se retrouve dans la forêt. C'est la confusion la plus totale. Par la magie que possède Puck, tous les amours sont inversés. L'action consiste à retrouver l'ordre désiré par les amoureux. Et tout se conclut sur les amours tragiques de Pyrame et Thisbé, divertissement présenté par une troupe de comédiens amateurs à tous les futurs mariés.
Ce Songe fut remarquablement interprété et chanté par des comédiens qui se lâchaient avec beaucoup de fraîcheur, de gaieté, de lyrisme et de violence aussi. L'amour est ainsi.
L'un d'entre eux, Gérard Watkins, vient d'être récompensé par le prix du syndicat de la critique meilleur comédien 16/17 pour sa prestation dans ce spectacle.
Publié le 30 juin 2017 par A.K.