Autour d'Une Chambre en Inde : deux grandes figures humanistes
Autour d'une Chambre en Inde d'Ariane Mnouchkine, Jean-Claude Carrière a proposé une lecture des histoires essentielles du Mahabharata.
Portant beau ses 86 ans, Jean-Claude Carrière est apparu, vêtu de la tenue quotidienne d'un indien, au milieu du décor de la pièce : une maison tropicale baignée de lumière tamisée et animée par trois musiciennes traditionnelles : une chanteuse, une percussionniste et une joueuse de « théorbe » qui accompagnaient les récits. Il est dommage que le micro fût défaillant et qu'une bonne partie du spectacle en fût gâchée. Monsieur Jean Varela s'est excusé mais l'acteur a été gêné de ne pouvoir se mouvoir à son aise et donner à son récit plus de présence dramatique. Heureusement, il a su s'adapter en prêtant plus d'attention au rythme vocal imposés par les récits. Il a très bien réussi à faire partager sa passion pour les personnages qui animent cette œuvre immense ainsi que pour la sagesse qui l'habite et qui guide les indiens depuis des générations. Quand il sentait que les spectateurs novices éprouvaient quelques difficultés à se retrouver dans tous ces personnages qui surgissaient du néant, alors l'acteur reprenait et précisait qui ils étaient. Certains épisodes sont d'ailleurs, repris dans la pièce : celui de la femme aux 7 maris et cet autre où l'héroïne, encore une femme, refuse à son mari le viatique pour la guerre parce qu'elle veut le garder auprès d'elle. Mais ce qu'il a su encore le mieux délivrer est cette sagesse indienne qui révèle un monde aléatoire qui renvoie chacun face à lui-même.
Merci pour ce cadeau d'Inde.
Ariane Mnouchkine et le chaos du monde
Le lendemain, Ariane Mnouchkine a offert une rencontre où elle a raconté la genèse de la pièce, le travail collectif qui rejette la censure, l'apport de chaque comédien dans le travail d'improvisation et donc de création, la contribution fidèle d'Hélène Cixou, la difficulté de fabriquer du comique, la douleur de devoir renoncer à de très bonnes scènes qui ne trouvent pas leur place. Elle a parlé aussi de la vie et des exigences du Théâtre du Soleil, confronté aux réalités politiques, financières, sociétales. Elle a remercié la France d'aider les artistes, de promouvoir l'exception culturelle. Il y a des pays où les comédiens paient pour jouer.
Madame Mnouchkine est une grande dame humble, exigeante, généreuse. Ceux qui la rencontrent ressentent davantage ce qu'est l'humanité.
Une Chambre en Inde d'Ariane Mnouchkine, jusqu'au 10 juin
Printemps des Comédiens du 30 mai au 1er juillet 2017 à Montpellier
Publié le 8 juin 2017 par A.K.