Le programme de cette édition 2019 de Fiest'à Sète bien féminin
Un seul coup d’œil au programme de cette édition 2019 suffit pour en remarquer l’allure très féminine, que l’on retrouve d’ailleurs jusque dans le superbe visuel signé Delphine et Élodie Chevalme. Femmes puissantes, à l’instar de l’inoubliable Cesária Evora, de la divine Omara Portuondo ou de la pétillante Calypso Rose. Et la relève des Susheela, Ana Carla, Lucibela, Lura, Elida, Nancy ou La Yegros n’a rien à leur envier.
Parmi les nombreuses destinations explorées pour cette 23e édition, la musique du Cap-Vert et Cesária Evora, sa figure la plus emblématique, seront à l'honneur à travers une soirée exceptionnelle au Théâtre de la Mer, 2 dates en France uniquement, mais aussi avec des conférences et du cinéma :
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Mercredi 31 juillet : Fiesta tropicale CALYPSO ROSE (Trinité-et-Tobago) Ses chansons coquines revendiquent une liberté et une légèreté de mœurs longtemps réservées aux hommes, tout comme l’était, dans son archipel de Trinité-et-Tobago, le calypso dont elle est pourtant devenue l’ambassadrice et la monarque absolue. Aucune trace de l’âpreté de ses combats dans sa musique solaire et chaloupée, aucun sentiment de revanche dans sa façon radieuse d’accueillir une gloire tardive. Juste la joie, pour cette presque octogénaire, de faire danser des foules de jeunes gens comblés, et le bonheur de célébrer la vie sur toutes les scènes du monde.
Jeudi 1 août : Fiesta à La Havane ANA CARLA MAZA (Cuba / Chili) "Ana Carla est une funambule du violoncelle". Dixit Vincent Ségal, qui l’invitait, fraîche émoulue du Conservatoire de Paris, à partager la scène avec lui. Fille de musiciens chiliens et cubains, Ana Carla a vécu mille vies : concertiste, improvisatrice, compositrice, chanteuse, elle a foulé les scènes en famille, en solo, duo, orchestre de chambre, formation jazz ou pop. Aucun carcan ne saurait contraindre cette jeune virtuose à l’âme ardente, à la voix suave. Soutenue par une percussionniste cubaine et un fier papa pianiste, c’est en trio que la belle vient nous envoûter.
OMARA PORTUONDO & ROBERTO FONSECA (Cuba) L’immense chance d’attraper une queue de comète. Ainsi Ry Cooder résume-t-il l’incroyable aventure Buena Vista Social Club, inépuisable malle aux trésors cubains. L’élégante Omara y promenait une mélancolie tropicale toute en retenue et en pudeur, au service exclusif des mélodies somptueuses de son île, imposant une prestance et une voix inoubliables. La classe inaltérable de la diva alliée à la délicate sensibilité du plus brillant des héritiers, le pianiste prodige Roberto Fonseca, voilà qui forme la promesse d’un instant des plus précieux au moment des adieux.
*Vendredi 2 août : Nuit indienne SUSHEELA RAMAN (Inde / Royaume-Uni) Les "déracinés" appréhendent souvent leur héritage culturel à travers un prisme fait de distance, de fantasme et de patiente réappropriation, qui rend leur art passionnant. Après une immersion digne d’une ethnomusicologue dans l’incroyable diversité des traditions musicales indiennes, la Londonienne Susheela Raman tombe sous le charme envoûtant des Gamelan indonésiens pour un cross over capiteux où ses volutes de voix éthérées survolent l’écho polyphonique des gongs balinais. Le but de cette démarche aventureuse ? L’émotion pure. C’est gagné, bien sûr. En ouverture de la soirée : FANNA-FI-ALLAH
Samedi 3 août : Cap sur le Cap-Vert LUCIBELA (Cap-Vert) La jeune Lucibela était au départ portée sur le jazz, le rock et la pop brésilienne plus que sur la perpétuation d’une tradition. Mais on ne grandit pas à Mindelo en oubliant Cesaria. A fortiori quand le répertoire de la diva s’offre comme vecteur d’émancipation sociale à qui possède un beau brin de voix. Au fil de rencontres lui permettant de gravir patiemment les échelons de la reconnaissance, et au prix d’un travail acharné, la chanteuse accède au peloton des héritières méritantes. Sa personnalité solaire et son talent lui ouvrent désormais une route qu’aucune autre n’empruntera. La sienne.s
HOMMAGE A CESARIA EVORA : Lura, Elida Almeida, Lucibela, Nancy Vieira, Teofilo Chantre (Cap-Vert) Une artiste de cette stature méritait plus que la postérité des disques et des plaques de rues. Car les chansons de Cesaria, comme celles de Fela ou de Marley, sont l’expression de la vie même, presque condamnées à leur survivre sur scène. Les musiciens de son groupe l’ont su dès le premier concert hommage. Teofilo Chantre a ensuite invité les voix dignes de l’entreprise, et la jeune génération capverdienne en regorge : Lura, Lucibela, Nancy Vieira, Elida Almeida convoquent chacune à leur manière toute l’émotion et la force d’un répertoire inoubliable.
Lundi 5 août : Mambo, salsa & cumbia LA YEGROS (Argentine) L’ébouriffante chanteuse de Buenos Aires, découverte en 2013 avec le tube imparable Viene de mi, nous revient avec un troisième album à nouveau produit par King Koya, vétéran de la scène électro underground argentine. Musicienne érudite, la petite reine de la nu-cumbia s’inspire toujours des traditions du chamamé ou du huayno qu’elle propulse avec force dans le siècle nouveau, passant les rythmes ancestraux à la moulinette digitale pour le plus grand plaisir de nos jambes. Voix pleine de candeur, évidence mélodique et énergie débridée sont les garanties d’une fête totale. En ouverture de la soirée : ORQUESTA AKOKAN
Au cinéma Le Comoedia, Sète
6€ . Pass 3 films : 15€ . Billetterie directement au Comoedia (cartes d'abonnement Comoedia acceptées) LA SAISON DES FEMMES
Réalisé par Leena Yadav
Inde, Etat du Gujarat, de nos jours. Dans un petit village, quatre femmes osent s'opposer aux hommes et aux traditions ancestrales qui les asservissent. Portées par leur amitié et leur désir de liberté, elles affrontent leurs démons, et rêvent d'amour et d'ailleurs.
Un drame social filmé avec l'exubérance, les couleurs et l'humour propre au cinéma de indien, ou quand Ken Loach rencontre bollywodd. Une splendeur.
> Lundi 22 juillet . 21h . Plus d'infos
SI JE TE GARDE DANS MES CHEVEUX
Réalisé par Jacqueline Caux
Ce film est un manifeste, il présente l’histoire de 4 musiciennes Arabes rebelles, du Maroc, de la Tunisie, de Syrie et de Palestine. En contradiction avec le contexte de défiance actuelle vis-à-vis de ces cultures, ce film souhaite montrer la force d’affirmation de ces femmes qui se battent pour imposer leur talent, leur art, leur féminité sans voile, ainsi que la richesse et la diversité des musiques arabes.
> Mercredi 24 juillet . 21h . Plus d'infos
CESARIA EVORA, MORNA BLUES
Documentaire réalisé par Eric Mulet et Anaïs Prosaïc
Lafayette, Louisiane ; c'est ici que commence le portrait de Cesaria Evora. Sur la scène, elle égrène mornas nostalgiques et blues chaloupés avec sa nonchalance légendaire. C'est la fin de la deuxième tournée américaine de Cesaria et, comme toujours, elle conquiert le public avec ironie et détachement. Puis, escale à New York avant le retour à Mindelo, Cap-Vert, où Cesaria nous emmène de bar en bar à la recherche des lieux où elle a passé la plus grande partie de sa vie. Ses amis musiciens viennent à sa rencontre, elle chante et danse, reine de son île perdue au milieu de l'océan.
> Samedi 3 août . 14h . Plus d'infos
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Médiathèque F. Mitterrand à Sète . Entrée libre
CESARIA EVORA, LA DIVA AUX PIEDS NUS
"Trop de jeunes chanteurs se coupent de leurs racines. Ma fierté est d’avoir porté notre voix créole dans le monde, d’avoir exporté la morna, ce blues capverdien, d’avoir fait danser sur les coladeras de mon petit pays" disait-elle. Si les musiques du Cap-Vert sont mieux connues dans le monde, on le doit à Cesária Evora. Mais qui était cette femme attachante et secrète qui nous a quitté à 70 ans ? Frank Tenaille qui l'a fréquentée de très longue date se propose d’évoquer sa vie "de fiel et de miel", qu’illustreront des vignettes sonores rares.
> Par Frank Tenaille, journaliste spécialiste des musiques du monde
> En prélude au concert Hommage à Cesária Evora le 3 août au Théâtre de la Mer.
> Vendredi 2 août . 17h30 . Plus d'infos