Lydie Dufour, de l’INRAE, nous parle des bienfaits des arbres pour la nature et dans l’agriculture.
Entretien avec Lydie DUFOUR, ingénieur d’études à l’INRAE, l’Institut National de la Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’Environnement de Montpellier.
Quels sont les bienfaits des arbres pour la nature ?
» On peut citer trois principaux bienfaits :
- pour la biodiversité, la présence d’arbres est favorable au développement, à la croissance et à la vie de nombreuses espèces animales et végétales. Les arbres et les végétaux qui les accompagnent sont un refuge pour les animaux. Pour la végétation basse, les arbres créent un micro climat qui la préserve du chaud et du froid et tempère les effets extrêmes qu’on connaît aujourd’hui, en particulier à cause du changement climatique. On le voit particulièrement en ce moment, la végétation sous les arbres arrive à rester verte.
- Pour le stockage du carbone, l’intérêt des arbres par rapport à des plantes herbacées réside dans le fait qu’ils ont des racines beaucoup plus profondes, donc ils stockent le carbone plus en profondeur que des végétaux plus petits. Le carbone est ainsi stocké de façon plus durable.
- Les arbres interviennent enfin dans le cycle de l’eau. Du fait de leur enracinement profond, ils peuvent aller puiser de l’eau plus loin dans le sol, et lorsqu’ils transpirent, ils restituent en partie cette eau dans l’atmosphère. »
Quels sont les bénéfices des arbres dans l’agriculture ?
» C’est le principe de l’agroforesterie, qui consiste à associer des arbres à des cultures ou à de l’élevage sur une même parcelle.
Le micro climat créé par les arbres constitue une barrière de protection pour les cultures, notamment dans les périodes de gels tardifs ou les coups de soleil. Les cultures sont donc moins impactées par ces changements de climat.
Le deuxième bénéfice est l’apport de matière organique au sol. Grâce aux feuilles qui tombent d’une part, et grâce à ce qu’on appelle le turn-over racinaire. En effet, les arbres ont de grosses racines de structure qui leur permettent de s’ancrer dans le sol, mais aussi des racines plus fines qui absorbent l’eau et les minéraux. Celles-ci ont une durée de vie assez courte et quand elles meurent, elles représentent un apport très important de matière organique dans le sol.
Enfin la présence d’arbres améliore la structure du sol car les racines créent des systèmes d’écoulement d’eau dans la terre. »
En quoi consiste l’expérimentation agroforestière au domaine départemental de Restinclières ?
» Le Département de l’Hérault est partenaire et financeur d’un projet intégré de recherche en agroforesterie à Restinclières : le projet PIRAT.
Le domaine se divise en 2 groupes de parcelles cultivées : de la vigne au nord et des céréales au sud.
L’équipe INRAE de l’Unité Mixte de Recherche ABSys compare 3 systèmes de culture : des arbres sans cultures (témoin forestier), des cultures sans arbres (témoin agricole) et des arbres intégrés aux cultures (agroforesterie). La croissance des arbres et le rendement des cultures sont mesurés dans ces différents systèmes.
Nous constatons d’une part que les arbres poussent plus vite en agroforesterie. D’autre part, la productivité globale d’une parcelle est accrue par l’association arbres-culture car les ressources naturelles (eau, lumière, minéraux) sont utilisées toute l’année du fait du décalage des cycles des arbres et des cultures d’hiver. »