Expo Serge et Beate Klarsfeld, nécessaire mémoire
L'exposition sur les combats de Serge et Beate Klarsfeld (de 1968 à 1978) pour établir la vérité sur la Shoah ouverte le 4 novembre 2019, sera visible jusqu'au 3 janvier 2020. L'actualité internationale donne plus de relief encore à l'action de ceux qui ont mis au jour ce que les circonstances risquaient d'occulter : le crime imprescriptible, la Shoah.
Un combat pour la mémoire des victimes de la Shoah
L'initiative de la Fondation de la mémoire de la Shoah, visant à faire connaître l'action du couple Klarsfeld de 1968 à 1978, vaut à Montpellier d'accueillir une riche exposition, après Paris, Nice, Lyon. Et certaines tendances actuelles de l'opinion européenne justifient ce travail de mémoire. En Europe de l'Est, xénophobie et antisémitisme ressurgissent et, en Allemagne, afin de conjurer les démons du passé, la chancelière Merkel se rend à Auschwitz-Birkenau. Pourtant, Beate et Serge Klarsfeld ont fait œuvre utile, avec détermination et courage. Ils ont démasqué des ex nazis coulant des jours heureux reconvertis dans l'industrie, le commerce et même la politique. Ils ont mis au jour la mémoire des victimes de la Shoah. Serge Klarsfeld à Auschwitz, où fut gazé son père Arno, s'était juré "de faire connaître l'immense souffrance du peuple juif assassiné, jamais apaisée". Et lui entendit le cri de [son] peuple et décida de démasquer les responsables du massacre et leurs complices.
Beate Klarsfeld, née Künzel le 13 février 1939, connut la vie difficile à Berlin d'après le nazisme et son effondrement. Refusant un destin traditionnel tout tracé, elle gagne Paris en 1960 où elle est jeune fille au pair et intègre en 1964 l'Office franco-allemand pour la jeunesse en tant que secrétaire bilingue.
1968, Beate adresse une gifle au chancelier Kiesinger
Et c'est elle qui va frapper le premier coup contre le mur du conformisme érigé par l'Establishment. En 1966, le ministre président du Bade-Wurtemberg, Kurt Georg Kiesinger, est élu chancelier au sein d'une coalition avec le SPD. Après un article du Spiegel rappelant son rôle dans l'appareil nazi, le scandale éclate en Allemagne. A Paris, Beate fait paraître un article indigné dans Combat. Alors, l'OFAOS la licencie pour "faute grave". Entre temps, elle a épousé S. Klarsfeld en 1963. Celui-ci assure le quotidien du ménage, ayant quitté l'ORTF pour la firme céréalière "Continental". Mais du jour de l'élection de Kiesinger et face à la décision inique qui frappe Beate, le couple réagit et déclare : "Notre décision est prise. Nous allons nous battre et ce combat se poursuivra". Et dans l'immédiat, Beate va stigmatiser Kiesinger, le nazi. Le 4 avril 1968, depuis la tribune du public du Parlement de Bonn, elle interrompt le chancelier : "Kiesinger, nazi, démissionne". Le scandale est pire quand le 7 novembre 1968 à la séance du congrès CDU, elle gifle l'homme politique. Une photo de France-Soir témoigne du geste qui vaut à Beate un an de prison ferme.
Mais, "au nom de 50 millions de cadavres [sa] main s'est abattue sur le mufle de 10 millions de nazis". Sa peine est allégée en appel. Son mari Serge lui rendra hommage, estimant plus tard que "Beate est la plus fiable et la plus solide".
Hervé Le Blanche
Jusqu’au vendredi 3 janvier 2020
Hall de l’Hôtel de Ville de Montpellier
1, place Georges Frêche
Horaires : Lundi, mardi, mercredi, vendredi de 8h30 à 17h30 - Jeudi de 10h à 19h
Tramway 1 et 3 arrêt Moularès Hôtel de ville
Tramway 4 arrêt Georges Frêche - Hôtel de Ville