Jeudi 20 mai, la médiathèque Mitterrand a reçu dans ses jardins l’écrivain Olivier Martinelli invité dans le cadre des Rendez-vous des Automn’Halles. Il présentait L’Enfant guerre, second tome de son diptyque Le Livre des Purs (éditions Leha).
Devant une soixantaine de personnes et sous un soleil radieux, l’adjointe municipale à la Culture chargée des Festivals et associations littéraires et théâtrales, Claude Muslin, a souligné le plaisir que les acteurs de la Culture ont à retrouver leur public après cette longue période de confinement et rappelé l’importance que revêtent à Sète ces manifestations. Puis, le Président des Automn’Halles, Laurent Cachard, après avoir remercié la directrice de la médiathèque et son équipe, a évoqué le prochain salon du livre de Sète qui aura lieu du 22 au 26 septembre prochain. L’interview pouvait commencer.
Olivier Martinelli a publié depuis le début des années 2000 une douzaine de romans et novellas, de nombreuses nouvelles et des romans policiers. Si le succès est venu avec La nuit ne dure pas (prix du salon du livre de Deauville 2012), il s’est confirmé en 2017 avec L’Homme de miel. Puis ce fut, en 2019, Mes nuits Apaches, illustrées par Topolino, une ode au rock, un style musical qui recueille les ferveurs de l’auteur.
En 2020, il bouscule encore une fois les genres et la rentrée littéraire de septembre avec le premier tome d’un diptyque classé epic fantasy, un genre dans lequel on ne l’attendait pas. Il explique : « Alors que je reprochais à mon fils Dan de lire trop de livres de fantasy, une littérature facile me semblait-il, il me mit au défi, “puisque c’est si facile”, d’en écrire un premier chapitre durant le temps de ses vacances de neige. »
L’écrivain se prend au jeu et c’est tout un monde qu’il crée. Des « méchants », les Palocks, attaquent le village tranquille où vivent en harmonie les Belecks et où Daan le héros de 17 ans découvre que son père n’a pas toujours été charpentier mais qu’il fut autrefois le roi des Krols. Beaucoup de batailles, c’est la loi du genre, dans le premier opus et de découverte en découverte, l’histoire et la cosmogonie du peuple krol dévoilées dans ce second tome. Un livre sacré subtilisé qu’il faut récupérer, des vierges enlevées qu’il s’agit de délivrer, des monstres peuplant un monde fantasmagorique… derrière tout cela, c’est une lutte contre l’obscurantisme qui se joue.
Récit initiatique ; personnages attachants (parfois même au sein des ennemis) ou terrifiants ; importance de la figure paternelle et découverte de ses faiblesses ; héros se confrontant au monde ; femmes guerrières chevronnées ; fratrie mise en avant… autant de thèmes qui confèrent au roman son intérêt. Les personnages ont de la chair, les animaux fantastiques déclenchent l’empathie lorsqu’ils sont blessés ou meurent au cours des batailles, on est saisi d’effroi devant les monstres qui aident les attaquants.
Bref, c’est une réussite portée par une écriture incisive, presque cinématographique. Olivier Martinelli confesse son admiration pour des auteurs comme John Fante (Demande à la poussière), Salinger (L’attrape-cœurs), Brautigan (Un privé à Babylone) ou encore le Céline du Voyage au bout de la nuit. Comme eux, il place l’écriture au service de l’histoire et non l’inverse. Il fait un parallèle avec la musique : les solos interminables de guitare, destinés à prouver la virtuosité du musicien, l’ennuient.
Étonnamment, Olivier Martinelli dit n’avoir jamais lu ou presque – il concède Tolkien et l’Iliade qu’il considère appartenir au genre – de Fantasy avant de se lancer dans l’écriture du Livre des Purs.
Y aura-t-il une suite ou du moins un autre roman dans la même veine ? Peut-être, mais pas immédiatement, Olivier Martinelli retourne pour le moment à un genre plus classique.
Le public a manifesté son plaisir à cette rencontre par des applaudissements nourris et s’est empressé de se diriger vers la table de La Nouvelle Librairie Sétoise pour une séance de dédicaces fort sympathique.
Notons que, outre l’adjointe à la Culture déjà citée, étaient présentes dans le public, Jocelyne Gizardin, adjointe au Pôle ville solidaire chargée de l’action sociale et la conseillère municipale Horrira Bouraoui.
Jocelyne Fonlupt-Kilic
Photos ©Jeanne Davy