Entretien exclusif avec Claude Viallat
Derniers jours de l'exposition Estampes originales qui se tient à Villeneuve-lès-Maguelone jusqu'au 12 avril 2019 du peintre nîmois, ancien élève des Beaux-arts de Montpellier et de Paris.
D’abord Monsieur Viallat, une première question concernant l’exposition à Villeneuve-lès- Maguelone. Pourquoi cette exposition ? Y a-t-il une actualité Viallat ? De nouvelles peintures… ?
Non pas vraiment. On m’a demandé si je voulais faire cette exposition et j’ai simplement dit oui. C’est une exposition qui a été organisée par l’Artothèque de Montpellier à partir de ses propres collections. Moi je n’ai prêté que deux livres sur la tauromachie auxquels j’ai collaboré…
Pourquoi avoir intitulé cette exposition « estampes originales » ? Quel est le sens que vous donnez au mot « originales » ? Ces estampes auraient-elles quelque chose de différent par rapport à votre travail habituel ? Ont-elles quelque chose de spécifiquement original, ou alors, ne s’agit-il que d’œuvres exposées pour la première fois ?
Ce n’est pas moi qui ai trouvé ou choisi ce titre. C’est toujours l’Artothèque de Montpellier. Ce sont des œuvres qui ont été tirées à Nîmes ou Montpellier, je ne sais plus exactement, en tout cas dans la région, il y a quelques années, et que l’Artothèque a acheté. C’est une exposition entièrement organisée par l’Artothèque.
Vous avez été, comment dirai-je, « l’inventeur » d’une forme particulière qui est devenue ou qui a été longtemps votre signature, une forme particulière, que l’on a dit ressembler à un « osselet » ou à un « haricot ». Cette forme permettait de reconnaître votre travail. Cette forme représentait-elle quelque chose de particulier pour vous ?
Ce n’est pas une signature. C’est une forme quelconque, qui n’est jamais tout à fait la même d’ailleurs. On ne peut pas dire qu’il s’agit d’une signature au sens propre, dans la mesure où elle varie tout le temps, déclinée sous différentes couleurs, directions, tailles... C’était juste une manière de travailler, un outil de travail. Il aurait pu s’agir tout aussi bien d’une forme complètement différente.
Quel est le regard rétrospectif que vous jetez sur votre parcours depuis Support/surfaces ?
En fait, je me rends compte d’une chose que plus on rétrécit les choses et plus on les ouvre ; plus on va au fond d’une impasse, plus on repousse le fond de l’impasse. Chaque fois on sait très bien ce que l’on ne veut pas faire, on se met devant un mur, et chaque fois le mur recule, et les possibilités progressent. L’impasse est le prétexte, ce qui vous donne l’impulsion. Puis à chaque fois on essaye d’aller plus loin, pour voir s’il y a d’autres solutions, d’autres situations, et on se rend compte que la vie au jour le jour nous offre chaque jour des solutions différentes.
Le thème de la tauromachie est central pour vous pour ne pas dire presque unique. Pourquoi cette importance, cette prégnance, de la tauromachie ?
La tauromachie est une grande partie de ma culture. J’ai une fascination pour le taureau qui est un animal, mythique pour moi ; un animal qui a une démesure. Dans la manière de le voir, de le fréquenter, chaque fois, on se trouve devant une bête qui a une force, une présence, une agressivité. La mise à mort, la corrida est faite en fonction de cette donnée : on sait que c’est l’animal ou le torero qui va finir, qui va mourir, la règle du jeu est nette dès le départ. Toute ma vie, j’ai été professeur de dessin et de peinture, et toute ma vie j’ai fréquenté les taureaux, je les avais dans la tête. La tauromachie appartient à ma vie privée, à ma culture personnelle. La peinture c’est autre chose. Je suis arrivé à un moment donné où on était au « dernier » tableau, la peinture semblait dans une impasse, sclérosée… la peinture était censée être finie… et je me suis posé la question : comment est ce qu’on peut refaire de la peinture à partir du moment où celle-ci est dite « finie », c’est-à- dire à partir d’une situation qui est bloquée, essayer de débloquer les choses et ouvrir des possibilités nouvelles.
Vous travaillez avec toutes sortes de choses. Dans votre atelier on trouve des objets hétéroclites, des cordes, des morceaux de bois, des bouts de ficelle, des morceaux de tissu de toutes sortes…
Oui, Je travaille sur différents supports, du bois, des cordes… des objets de récupération que j’assemble ou désassemble, noue ou dénoue, colorie ou pas.
Quels sont les peintres ou les artistes qui aujourd’hui vous touchent ou vous intéressent ?
Me touche absolument tous ceux qui font de la peinture. Si je vous donne des noms, les autres vont se sentir lésée (rires)…Soulages… !
D’autres exposition de vous sont elles prévues ?
Oui, une exposition en juin à la Fondation Venet - Bernard Venet - au Muy dans le Var. Ce sera une exposition un peu lourde avec de grandes pièces, des pièces qui ont déjà été exposées dans les années 80.
Au Centre Culturel Bérenger de Frédol à Villeneuve-lès-Maguelone et organisée par L’Artothèque de Montpellier, on peut encore contempler - jusqu’au 12 avril - quelques œuvres plus ou moins anciennes de Viallat de « tauromachie flottante ».
F-Bacha, correspondant de Montpellier infos, paru le 7 avril 2019
Espace d’exposition du centre culturel Bérenger de Frédol 235 boulevard des Moures, 34750 Villeneuve-lès-Maguelone Du lundi au vendredi, de 9h à 12h et de 14h à 18h.