Dès la séquence d’ouverture de Sans toit ni loi, le corps de Mona (Sandrine Bonnaire), morte de froid, est découvert par un ouvrier agricole. On découvre alors la butte surmontée de cyprès jumeaux du Pioch-Palat à Saint-Aunès, près de Montpellier. Devenu un « classique », le film d’Agnès Varda a été tourné de mars à mai 1985 dans l’Hérault et le Gard, notamment à La Grande-Motte, Uchaud, Saint-Etienne-du-Grès et Bellegarde. Autant d’étapes de la marche solitaire de Mona, « qui n’a peur ni du froid, ni de la nuit, ni du pain sec ».
Au fil des séquences, la narratrice (Agnès Varda) interroge en voix off des personnes ayant croisé le chemin de la jeune « routarde », comme la « platanologue » madame Landier (Macha Méril), Yolande la bonne (Yolande Moreau) et Jean-Pierre l’agronome (Stéphane Freiss). « Agnès Varda avait exploré les lieux quelques mois avant. Ce n’est pas le Midi pimpant, ensoleillé, d’une Provence de carte postale, mais le Midi un peu raide, protestant, du Languedoc l’hiver », souligne le nîmois Bernard Bastide, historien du cinéma et auteur du Dictionnaire du cinéma dans le Gard [1].
Ciné-Tamaris, fondé par Agnès Varda et dirigé aujourd’hui par ses enfants Rosalie Varda Demy et Mathieu Demy, a restauré et ressorti en salles Sans Toit ni loi en 2014. Le film est disponible en DVD. Vous le retrouverez également sur les plateformes de VOD : Canal VOD, Orange VOD, Arte Boutique, UniversCiné, ou Filmo TV.
Ne manquez pas d’explorer le site d’Occitanie Films dédié au film, qui montre une cartographie des lieux de tournage et Agnès Varda (disparue en 2019) revenir trente ans après, en 2015, auprès des cyprès de Saint-Aunès.
Lion d’Or à Venise
Dixième long métrage de la réalisatrice, photographe et plasticienne qui a grandi à Sète, Sans toit ni loi est son plus grand succès avec plus d’1 million de spectateurs en salles. Le film, vendu dans le monde entier, a remporté de nombreux prix, dont en 1985 le prestigieux Lion d’Or à la Mostra de Venise, en 1986 le Prix Méliès des critiques français, le Meilleur film étranger de l’Association des critiques de Los Angeles, et le César de la meilleure actrice pour Sandrine Bonnaire.
Autres « classiques »
Comme Sans toit ni loi, d’autres grands succès du cinéma français montrent des bouts d’Occitanie, tels Le Salaire de la Peur (1953) d’Henri-Georges Clouzot, filmé en Camargue. L’emmerdeur (1973) d’Édouard Molinaro et L’homme qui aimait les femmes (1977) de François Truffaut ont sillonné Montpellier et ses environs. Sans oublier Cyrano de Bergerac (1990) de Jean-Paul Rappeneau qui a été tourné en partie à Uzès dans le Gard.
La Région facilite les tournages en Occitanie
« Nous voulons être la première région européenne audiovisuelle et la première destination en France pour les productions internationales », souligne la présidente Carole Delga. La Région Occitanie injecte plus de 4,7 millions d’euros par an pour soutenir la création et la diffusion du 7e art et des œuvres audiovisuelles, via des aides à l’écriture, la production, la formation et la diffusion. La Commission du Film d’Occitanie Films apporte gratuitement une aide logistique et administrative à la recherche de lieux de tournage, d’acteurs et techniciens professionnels.