La première image que l’on découvre, c’est cet immense bateau, sorti d’un autre temps, transformé en scène de concerts. Le « Tourmente » est la toute dernière péniche de commerce à encore naviguer sur le Canal du Midi, la mythique voie de communication creusée par Riquet aux temps du Roi Soleil (XVIIe siècle) pour relier Méditerranée et Atlantique .
Chaque été, cette péniche se transforme en scène musicale flottante et itinérante pour le Festival Convivencia : elle s’amarre de port en port, au fil de l’eau, crée de l’effervescence et habille les berges d’une ambiance guinguette. « La musique est presque un prétexte, notre objectif est de faire du lien social, de permettre aux gens de se retrouver et de partager un moment convivial », confie la co-directrice du festival, Céline Vidal. En occitan, « Convivencia » signifie d’ailleurs « vivre ensemble ».
30% d’artistes locaux sur scène
Entre 10 à 15 escales sont réalisées sur tout le mois de juillet - avec un spectacle différent chaque soir - et une mosaïque de musiques colorées irriguent quatre départements (Hérault, Aude, Haute-Garonne, Tarn). Et tout ceci est 100% gratuit, grâce au formidable soutien des collectivités territoriales et des partenaires (une bonne centaine !).
Autre particularité : la découverte ! Quand on vient au Festival Convivencia, on ne connait souvent ni la programmation ni l’artiste. Ici, pas de tête d’affiche ni de chanteur « mainstream », mais des petites pépites du monde entier dénichées par l’autre co-directrice, Cécile Héraudeau.
Au programme de cette édition 2022, le jazz tribal & la transe éthiopienne de Kutu, le groove rebelle de la rappeuse malienne Ami Yerewo, l’afrobeat 100 % féminin de Lipstick Queens feat St Beryl, le groove créole de Dowdelin, les nouvelles musiques tibétaines de Kyab Yul-Sa, les sonorités brésiliennes et cubaines d’Ana Carla Maza, et… des groupes locaux, puisque la direction s’attache à ce qu’un tiers de la production représente la création régionale (Barrut, Marion Diaques, Cuarteto Tafi, Serge Lopez et Jean-Luc Amestoy, Marion Diaques, etc).
Témoignage
Céline Vidal, co-directrice du festival.Rendre le canal vivant et montrer qu’il fait partie de notre patrimoine à tous, pas uniquement aux touristes, est essentiel. C’est à la fois un acte de réappropriation mais aussi d’ouverture car le festival est une porte ouverte vers le monde. »
Une programmation construite avec les habitants
Car, le Festival Convivencia est bien plus qu’une scène navigante l’été. « Le festival n’est que la partie immergée de l’iceberg », lance dans un sourire Céline Vidal. « Toute l’année nous travaillons à la construction du parcours que nous ferons ; toute escale est une démarche de co-construction avec les habitants et les élus. Nous n’arrivons jamais avec une programmation clef en main, nous écoutons les attentes et voyons les musiques qui pourraient y faire écho. »
L’équipe du festival Convivencia rencontre ainsi des écoles de musique, des jeunes de quartiers en difficultés, des acteurs sociaux, des associations de personnes handicapées, des maisons de retraite, ou encore des artistes en résidence ; ce qui explique sans doute que, le jour J, 50% des participants soient des habitants du territoire. C’est ainsi que, en plus du concert, des ateliers radio, des visites guidées, des balades patrimoniales ou des expositions peuvent être proposées. Cette variété témoigne de l’ancrage fort du festival après 26 éditions.