Lattes, mère de Montpellier.
C'est par ce dicton, teinté de chauvinisme, que M. Vallat, ex-premier magistrat de Lattes pendant plus de deux décennies, introduisit dans sa fresque historique les personnages du Moyen-Age. Dicton que confirmerait la situation de Lattes après la seconde guerre mondiale par rapport à Montpellier.
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C'est en 983 qu'un certain Guilhem entre au service du comte de Melgueil moyennant la possession d'une manse en un lieu où s'étendra l'agglomération de Montpellier. Ce Guilhem, en possession d'un domaine (vignes, prés, bois), selon l'Histoire de Montpellier (Privat, 2015), non pas issu du terroir lattois, appartiendrait à une "famille aristocratique franque qui lui procura alliances et points d'appui nécessaires à une réussite urbaine". C'est plutôt en 1090 que Montpellier entre vraiment dans l'Histoire, ville constituée, sous la direction de Guilhem V qui prête hommage à l'évêque de Maguelone.
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Certains de ses habitants pratiquent déjà un faible commerce maritime. Cela a-t-il facilité le départ pour la croisade de l'aventureux Guilhem V, se joignant au comte de Toulouse ? Toujours est-il que, selon l'ex-édile, le port de Lattes est reconstitué : les restes se voient "près de la porte lombarde" et "près de la fontaine aux hippocampes". Et, alors que Montpellier va devenir un port marchand international (le port de Lattes sera consolidé en 1218), à Lattes aussi la bourgeoisie s'agite : elle obtient l'élection de deux consuls de terre et deux consuls de mer au suffrage universel. Puis, en 1230 sous Jacques d'Aragon, une charte de commune libre.
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Montpellier et son port ont bien décliné après les calamités de la fin du Moyen-Age, mais Jacques Cœur, armant des galées pour le Levant, revitalisera pour un temps le grand commerce qui importait épices et soie. Les fortunes montpelliéraines s'investissent en terres dans le terroir de Lattes. Rondelet le scientifique, doyen de la faculté de médecine, fait dresser sur ses terres un miroir d'eau, creuser deux bassins pour l'observation des poissons et coquillages marins. Comme hôte, il a parfois Rabelais, Saporta… Se constituent aussi de grands domaines fonciers et même (déjà) des groupements agricoles. Tant et si bien qu'en 1741, l'Intendant Le Nain note que "Lattes n'a plus d'habitants". En fait, il soulignait l'importance des domaines où étaient nombreux les non résidents. Le temps passe, marqué par quelques dates : 1632, première visite de l'archevêque de Montpellier qui a pris la suite de l'évêque de Maguelonne. 1697, visite de l'archevêque Joachim Colbert qui a sans doute publié le premier catéchisme catholique. Il ne fut pas précisé que cette parution déclencha une telle controverse que l'Affaire fut traitée – du point de vue de l'orthodoxie – par les instances parisiennes.
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Ainsi se déroulait la fuite du temps quand, à Lattes, s'entendaient les échos de la grande histoire. Histoire devenue tragique à la fin du XVIIIè siècle.
HERVE LE BLANCHE