Lattara et le fabuleux passé de Lattes.
Lattara et le fabuleux passé de Lattes.
Samedi 6 avril, pour la première conférence de l'année d'Histoire-Information, Michel Vaillat a évoqué le lointain passé de Lattes. Celui qui en fut maire de 1977 à 2001 a résumé, avec brio et précision, l'histoire de la commune depuis l'arrivée des premiers hommes dans le sud de l'Europe jusqu'à l'époque contemporaine.
En préambule, M. Michel Vaillat décrivit comment fut créé le musée archéologique Henri Prades. Les présidents de la République (Pompidou, Giscard d'Estaing) dont il faut attirer l'attention, les démarches auprès des Affaires culturelles, les ministres qu'il faut décider, l'achat du domaine de Saint-Sauveur (l'actuel musée) jusqu'à la mise à l'abri du "trésor de Lattes" et la pose des vitrines par un élève de Le Corbusier. Puis, c'est l'évocation du vaste delta (de la Mosson à la Lironde) que couvrait le Lez, où la sédimentation d'une douzaine de couches géologiques permet d'évoquer le passé de ce site exceptionnel. Dans la fresque déroulée par l'orateur passent les tout premiers hommes arrivés dans le sud de l'Europe depuis plus de 700 000 ans (BP), les Néandertaliens disparus entre 45-40 000 ans tandis que venaient les "Homos sapiens" et que l'on passera, en quelques dizaines de milliers d'années du silex au Néolithique, avec diffusion de la vigne et du mouton.
Et se succèdent les âges des métaux, avec les premières communautés de l'âge du Fer. C'est alors que viennent commercer les Egéens, les Phéniciens et les Etrusques qui apportent l'écriture. De cette époque datent beaucoup de débris de vases campaniformes dont l'un porte une effigie féminine : la "dame de Calès".
Puis vinrent les Volques qui apportèrent la racine "lat" (comme le Lot) désignant le Lez divinisé. Et, après leurs guerres internes, de nouveaux venus apparaissent dans la fresque de l'Histoire, les Romains. En – 121, Lattara est une cité modeste de la province de la Narbonnaise dont parleront plus tard Plutarque, Tite Live et surtout Pline l'Ancien (23-79 ap J.-C.) qui décrit la pêche dans les étangs du "lattarensis". Véritable agglomération urbaine, devenue "colonia lattarensis", la communauté est dotée de thermes, de nécropoles. Certaines tombes sont de véritables petits monuments avec des sarcophages recouverts de tuiles.
Et le port est actif. Des navires à fond plat (attestés dès le IIIè siècle av J.-C.) soutenus par des outres vont chercher les cargaisons non loin du rivage et les ramènent dans les étangs où elles pourront être déchargées. La "Pax romana" (qui durera près de 200 ans) favorise le commerce. Celui de Lattes s'étendra jusqu'à la Graufesenque, près de Millau. La région est bien intégrée à l'empire, comme en témoignent, à l'autel dédié à Mars-Auguste, les ex-voto de prière des utriculaires (fabricants d'outres), des charpentiers, entre autres corps de métier.
Lattara, plus ancienne agglomération urbaine, cité active à la fin de l'Antiquité, survivra au bouleversement des invasions et connaîtra une nouvelle vie au Moyen-Age.
(BP) : avant le présent.
Hervé le Blanche