En novembre, une journée de réflexion a eu lieu à l’Hôtel du Département sur le sujet de l’évolution des rapports au travail. Un sociologue a pu exposer les résultats de son étude commandée par le Département.
En introduction, le Président, Kléber Mesquida a rappelé que le travail est un droit inscrit dans le préambule de la constitution de 1946 qui prévoit que : « chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi. Nul ne peut être lésé, dans son travail ou son emploi, en raison de ses origines, de ses opinions ou de ses croyances. »
Des représentations du travail en mouvance
« Avec le Pacte Territorial pour l’Insertion (PTI), l’ensemble des partenaires institutionnels a pu travailler ensemble afin d’accompagner au mieux les personnes en insertion. Une réflexion large a été menée afin d’interroger les concepts et de réinterpréter les pratiques », Sylvie Pradelle, Vice-présidente déléguée à l’insertion et à l’économie solidaire.
La matinée a été consacrée à la prise de parole de différents acteurs du monde l’insertion et du travail. Le sociologue Rémi Lemaitre a fait part des résultats de son étude sociologique sur «La mobilisation des publics et les évolutions des représentations du travail et de l'emploi ». Il est parti du constat bien défini et commun à l’ensemble des partenaires du champ de l’insertion : un manque d’intérêt et de participation des publics dans les dispositifs d’insertion, de formation et d’emploi.
Par des entretiens avec tous les acteurs du champ de l’insertion, employeurs, directeurs d’entreprise, demandeurs d’emploi, allocataires du RSA, il a pu avancer une idée principale : la représentation du travail et des rapports au travail divergent selon l’acteur. Toutefois, le sociologue met en avant que les individus (employeurs et publics) n’ont plus le même rapport à l’emploi qu’auparavant.
« J’ai questionné un employeur qui m’a fait part de sa vision selon laquelle sans emploi on n’est rien. Ici, le travail à une dimension structurante de la vie. En m’entretenant avec un demandeur d’emploi, j’ai mesuré que bien que l’emploi soit un objectif, il ne constitue pas l’élément central de son projet de viel », explique Rémi Lemaitre.
Le dispositif d’insertion adossé au RSA ne permettant pas de répondre à l’ensemble des besoins des individus, les allocataires adoptent des modes de vie différents basés sur : un système d’entraide, de survie, plan B…
« (…) Il va rechercher des formes d’entraide avec des personnes dans le même cas que lui. Sans emploi, il va être amené à moins consommer mais à se diriger vers des activités plus solidaires. Ce ne sont pas des emplois, mais cela reste du travail », poursuit le sociologue.
Le sociologue évoque le fait que chaque personne (professionnels de l’insertion, allocataires RSA, employeurs) a des visions différentes, et des réalités différentes. « Nous devons tous travailler ensemble afin de s’adapter aux réalités de chacun ».
Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée : le bilan d’une expérimentation plus que réussie !
La matinée s’est poursuivie avec une table ronde autour de la question « Comment les acteurs de l’insertion ainsi que les personnes privées d’emplois se saisissent-ils du travail ? » basée sur Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée (TZCLD).
« Sur 40 000 allocataires du Revenu de Solidarité Active (RSA), 5 000 ont réussi à retrouver le chemin de l’emploi. L’expérimentation Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée à Lodève s’était fixée un objectif de 50 emplois par an au cours des deux premières années. Nous l’avons largement dépassé avec plus de 150 personnes qui ont été embauchées par l’Entreprise à but d’emploi (EBE) l’Abeille Verte. », a introduit en début de journée Kléber Mesquida, Président du Département.
L’expérimentation "Territoire Zéro Chômeur Longue Durée" est une initiative nationale visant à lutter contre le chômage de longue durée. Elle a été saisie dans l’Hérault depuis 2020 par un groupe d’Héraultais qui défendent l'idée que le chômage de longue durée n'est pas une fatalité, qu'il est possible de créer des emplois utiles au niveau local en mobilisant les compétences des personnes au chômage. Ce sont des entreprises à but d'emploi (EBE) qui sont chargées de cette mission.
« Sur Lodève, l’expérimentation TZCLD a été mise en place à son démarrage grâce à l’initiative de 4 bénévoles. Nous avons décidé d’agir pour le droit à l’emploi parce que nous savons que personne n’est inemployable », assure Pierrette Do, salariée et élue au Conseil d’Administration de l'Association Nationale Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée.
A Lodève, l’EBE l’Abeille Verte s’est donc lancée le défi de créer 50 emplois adaptés aux compétences de chacun. Afin de ne pas concurrencer l’économie locale, les activités proposées par l’EBE sont qualifiées de « supplémentaires », c’est-à-dire qu’ils ne rivalisent pas avec les emplois existants sur le territoire. Les Lodévois peuvent donc travailler dans 4 pôles différents :
- le recyclage et le réemploi avec Recycl’aides34 qui propose par exemple du réemploi de matériel médical
- le service à la personne, mieux-être à Lodève
- le secteur agricole
- le support et la gestion
L’objectif de création d’emplois a été largement dépassé avec 154 personnes embauchées en quatorze mois, dont 52 allocataires du RSA dont 50 d’entre eux sont sortis du dispositif du RSA. Pourtant dernièrement, l’Etat a prévu de réduire son engagement dont l’impact se traduit par une baisse de financement de 150 000€ a expliqué Kléber Mesquida.
Le Département, loin de baisser les bras, souhaite poursuivre cette expérimentation malgré tout. D’autres territoires ont également décidé de porter leur candidature et prendre exemple sur le lodévois : Pézenas, les quartiers des Hauts-de-Massane à Montpellier et La Valsière à Grabels.
Une détermination collective, à l’initiative des Héraultais, soutenue par le Département qui permet de trouver des solutions ensemble pour faciliter le retour à l’emploi.
« Finalement chacun dispose de sa vérité et de sa représentation du travail, la solution est de travailler ensemble », conclue Rémi Lemaitre.