Après le passage remarqué des street-artistes qui ont, avec leur art, rendu un hommage singulier à Jean-Baptiste Poquelin pour l’expo “Molière 2022 : de la scène à la toile”, Pierresvives réaffirme sa vocation : être (aussi) un espace dédié à la création et aux artistes de tous horizons.

Aujourd’hui, c’est Lewis Trondheim installé à Montpellier depuis plusieurs années, qui en toute intimité, a posé ses trousses dans ce lieu unique pour nous plonger dans un univers peuplé de personnages zoomorphes, sa marque de fabrique ! Dans un parcours scénographié, on suit les traces de Lapinot, son personnage fétiche, Ralph Azham, Le Roi Catastrophe et tous les autres qui racontent le destin fabuleux de ce type qui “ne savait pas dessiner”.

Un artiste touche-à-tout

Drôle de rencontre en perspective avec ce monstre des planches qui présente 150 oeuvres originales pour nous raconter son histoire, autour d’une dizaine de thématiques. Et des histoires, il en a fait !

L’homme, fait Chevalier des arts et des Lettres et Grand Prix d’Angoulême, a quelque 200 albums à son actif, comme scénariste et auteur complet. Une collection qui en fait l’une des oeuvres les plus vastes et protéiformes de la bande dessinée moderne. Science-fiction, western, polar, autobiographie, comédie sentimentale, de cape et d’épée, BD expérimentale, BD Jeunesse, heroic fantasy et même, le saviez-vous ? La BD pour smartphone !

Sans détours, il a écrit et dessiné inlassablement pour petits et grands, avec la passion des conteurs qui ne rangent jamais le crayon. Et cette passion, Lewis Trondheim nous fait l’honneur de la partager avec, en bonus, quelques oeuvres sorties des placards et des ateliers qu’il animera autour de cette rétrospective inédite.

Immersion virtuelle dans l’atelier de Lewis Trondheim !
Grâce aux étudiants d’ARTFX, l’école montpelliéraine des métiers du cinéma, des effets spéciaux, de l’animation et des jeux vidéo, les visiteurs pourront s’inviter dans l’atelier de l’artiste avec un casque de réalité virtuelle !

L’exposition “Lewis Trondheim fait des histoires”, réalisée en partenariat avec la Cité internationale de la BD et de l’image d’Angoulême, est à visiter sans modération jusqu’au 28 janvier 2023.

3 questions à Thierry Groensteen,
Commissaire de l’exposition et expert de la BD

Que vouliez-vous raconter de Lewis Trondheim avec cette expo ?
Son oeuvre est prolifique, tentaculaire ! Il est allé dans plein de directions, a touché à tous les genres, a navigué entre la grande édition et les éditions alternatives… L’idée de cette expo est de montrer son évolution. A ses débuts avec un dessin très conceptuel, vers un style plus travaillé avec d’incroyables dessins d’observation. En privilégiant ses oeuvres pour lesquelles il est à la fois l’auteur et le dessinateur, nous voulions présenter ce style simple et schématique devenu sa marque de fabrique.

En quoi est-il unique, selon vous, dans l’univers de la BD ?
C’est sa capacité à se déplacer entre les genres ! Il est unique dans cette perspective car, là où d’autres restent fidèles à l’heroic fantasy ou le western par exemple, lui est un vrai touche-à-tout ! C’est quelqu’un de joueur et qui s’impose sans cesse des défis, et cette exploration est extraordinaire dans son oeuvre.
Ce qui est fascinant chez lui, c’est aussi qu’il a inventé des styles, comme en témoigne son travail avec sa femme ou encore son projet FRANTICO.

Comment a évolué la Bande-dessinée aujourd’hui ?
Ces 15 dernières années, on a observé une forte féminisation dans la BD. Une bonne nouvelle quand en peu de temps, on est passé de 15% de dessinatrices à 30% aujourd’hui pour la profession !
A noter aussi, l’ouverture de la BD. Jusqu’à peu, elle restait cantonnée à la fiction. De nos jours, on l’utilise pour de la vulgarisation scientifique, des documentaires… Elle est sortie de sa vocation de littérature de divertissement ! Tant mieux, l’élargissement des possibles est toujours positif !