Le phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU) se manifeste par des températures plus élevées en milieu urbain que dans les zones rurales environnantes. Surtout la nuit et pendant les épisodes de canicule. Décryptage.
Une mesure de la température nocturne de l’air plus élevée en ville qu’en périphérie
Si vous habitez en zone urbaine, vous avez probablement déjà ressenti cet effet de bulle de chaleur. La température a du mal à redescendre la nuit et une sorte de dôme d’air plus chaud couvre la ville. Tandis qu’aux alentours, il peut faire jusqu’à dix degrés de moins. Le contraste est flagrant, pendant les vagues de forte chaleur, entre Paris et sa grande couronne. Comment expliquer un tel écart de températures nocturnes ?
La chaleur piégée en ville
En ville, la chaleur stockée est plus importante qu’à la campagne. De nombreux facteurs empêchent l’espace urbain de se refroidir tels que le modèle d’urbanisation, les revêtements des sols, la carence de végétalisation ou d’eau dans les espaces publics. Les hauts immeubles et la densité des murs freinent la circulation de l'air, le bâti emmagasine la chaleur. Des matériaux de construction comme le béton, la brique ou la pierre captent aisément la chaleur le jour, par le rayonnement solaire, et la restituent progressivement dans l’atmosphère la nuit, empêchant l’air de se refroidir...
Les 10 villes françaises les plus exposées à l’ICU
Parmi les communes surchauffées, Paris se classe sans surprise en première position. Suivie par Grenoble où l'îlot de chaleur est plus fort qu’à Lille ou à Clermont-Ferrand…
- Paris (intensité très forte avec un ICU maximum de +6,5 °C)
- Grenoble (intensité forte / +5,5 °C)
- Lille (intensité forte / +5 °C)
- Clermont-Ferrand (exposition forte / +5 °C)
- Lyon (intensité forte / +4,5 °C)
- Reims (intensité forte / +4,5 °C)
- Mulhouse (intensité forte / +4,5 °C)
- Bordeaux (intensité forte / +4,5 ° C)
- Belfort (intensité forte / +4,5 °C)
- Saint-Étienne (intensité forte / +4 °C)
Source : données issues des résultats du projet MApUCE (2021) mené au niveau national par des chercheurs du CNRS et de Météo-France qui ont modélisé les effets d’îlot de chaleur typiques les belles nuits d’été dans 42 zones urbaines. Un ICU de moins de 2 °C correspond à une intensité négligeable.
→ Entre 4 et 6 heures du matin, c’est la plage horaire où l’ICU est le plus fort.
→ 100 % de la population parisienne est exposée à un ICU d’intensité forte ou très forte.
Quel est l’impact du changement climatique sur les îlots de chaleur urbains ?
Dans un contexte de réchauffement climatique, on s’attend à des canicules plus longues et plus intenses. La fréquence des vagues de chaleur devrait doubler en France d’ici 2050, avec davantage de précocité.
Le développement d’îlots de chaleur dans les milieux urbains accroîtra donc fortement la surchauffe urbaine et l’on devrait, par exemple, subir bien plus de nuits tropicales dans toutes les villes de France. C’est pourquoi les collectivités territoriales visent à adapter les villes au réchauffement climatique en prenant des mesures susceptibles de réduire les îlots de chaleur dans les quartiers les plus sensibles à ces phénomènes.
Le saviez-vous ?
L’étude des îlots de chaleur urbains s’effectue par des mesures sur le terrain et la modélisation numérique. Météo-France a développé des compétences reconnues en modélisation à très haute résolution du climat et des milieux urbains pour vous proposer une offre de diagnostics de l’îlot de chaleur urbain à l’échelle de votre commune : Climadiag Chaleur en ville.