Fabriqué en Occitanie : la filière textile, laine et cuir tire son épingle du jeu !

L’Occitanie regorge de savoir-faire reconnus dans le textile, la laine et le cuir, des savoir-faire ancestraux aujourd’hui bien orientés vers le haut de gamme et les textiles techniques et industriels. Citons l’axe Castres-Mazamet-Labastide-Rouairoux dans le Tarn, les bassins de Lavelanet en Ariège pour la laine, Ganges-Le Vigan pour la soie et pour le cuir Graulhet-Mazamet et le Millavois, dont la ganterie est candidate au Patrimoine Mondial de l’Unesco.
L’Occitanie est aussi un fief de la culture du lin, du chanvre textile, du pastel pour colorer les étoffes. L’industrie textile régionale s’incarne dans 200 entreprises de production, 3 200 emplois et un chiffre d’affaires de 550 M€ (40 % sur les textiles techniques et 35 % à l’export). La Région se mobilise pour maintenir et développer la production et les emplois : depuis 2017, elle a attribué plus de 19 M€, via 3 000 dossiers. Le contrat de filière « Textile, Laine, Cuir », voté en 2021 pour cinq ans, a intensifié ses actions pour renforcer la production, les compétences, stimuler l’innovation et promouvoir les savoir-faire.

Investir en Occitanie

C’est un défi majeur : maintenir, développer, voire rapatrier la fabrication en Occitanie, malgré la concurrence des pays à faible coût de main d’œuvre. Le regain de la fabrication locale, des circuits courts, crée des opportunités. Ce qu’a compris Pierre-Edouard Thibaud, codirigeant de L’Atelier de la Casquette (siège à Nîmes). Il a ouvert au printemps 2023 un atelier à Montpellier et une aide régionale de 30% lui a permis d’acheter 27 machines-outils. « Nous pouvons produire 5 500 pièces par mois. C’est la moitié de l’activité. » La PME emploie 14 salariés, dont 10 à l’atelier. « D’ici à cinq ans, nous avons le projet de tout fabriquer à Montpellier, de quitter l’Asie. L’effectif pourrait monter à 22 salariés. »

Pour sa part, le Tarnais Jules Tournier & Fils - créé en 1865 et labellisé Entreprise du patrimoine vivant - emploie une centaine de personnes au siège d’Aussillon et à l’atelier de Pont de l’Arn. Il produit pour le prêt-à-porter de luxe et des tissus techniques pour les équipements de protection individuelle et l’industrie. La PME vient d’investir plus de 1 M€ au Pont de l’Arn, et projette de centraliser le pôle textile à Aussillon, un projet ambitieux soutenu par la Région. « Nous souhaitons mener à bien ce dossier stratégique », assure le président Lionel Bonneville. Reste à trouver le bon créneau. « 2023 a été une bonne année, mais les marchés sont difficiles en 2024. » Lionel Bonneville sait pouvoir compter sur la Région. « Durant la Covid, elle nous a acheté 1 million de masques. Cela nous a sauvé… »

Des formations porteuses d’emplois

Enjeu vital : les compétences. « Au début, ça a été très dur de trouver du personnel, se souvient le patron de l’Atelier de la Casquette. Nous avons travaillé avec le centre industriel du textile et de l’habillement IFTH et France Travail sur une formation de trois mois et demi de 15 stagiaires et nous avons embauché huit personnes ». La Région se mobilise sur ce sujet : « Grâce au dispositif Innov’Emploi, qui a soutenu des formations de deux mois et demi au lycée de la maroquinerie de Mazamet, nous avons recruté depuis 2022 15 artisans-maroquiniers », explique le directeur d’atelier de Sun-Belt, Thibault Carayol.

Fondé en 1989 par son père Olivier à Aussillon, près de Mazamet, l’atelier de maroquinerie produit pour des « maisons » françaises haut de gamme et nourrit une belle ambition. « Nous employons 80 personnes et programmons l’embauche de 150 artisans-maroquiniers, 30 par an, assure Thibault Carayol. Ils seront formés en interne, pour accompagner un nouveau contrat. L’obtention d’une avance remboursable de la Région via le Contrat Croissance nous permettra de maintenir un bon niveau de trésorerie à l’heure de forts investissements. » Sun-Belt vient d’investir 1,4 M€ dans du matériel et va construire un bâtiment sur la zone du Causse pour 8 M€ (5 M€ de bâtiment et 3 M€ de matériel). « Nous espérons emménager en septembre 2025. »

Valoriser les savoir-faire

La laine des moutons des Pyrénées est tissée depuis 1891 par La Carde à Esquièze-Sère, près de Luz-Saint-Sauveur, dans le Pays Toy (Hautes-Pyrénées). « Avec ma sœur Aude, nous sommes la 5e génération, explique le dirigeant, Damien Lafond. Si notre cœur de métier est la couverture, le plaid, nous proposons pas mal de vêtements et d’accessoires, dont, depuis un an, une gamme à 90% en fibre recyclée. Nous sommes en croissance à deux chiffres depuis cinq ans. » La PME de 14 personnes s’approvisionne en laine auprès d’éleveurs du Pays Toy ou des vallées voisines. Recevant de nombreux visiteurs, La Carde a mis en place un parcours de découverte de l’atelier, dont l’aménagement a bénéficié il y a deux ans du fonds L’Occal. La Carde a d’ailleurs un projet d’extension des bâtiments.