Juin 1900. Combats à Pékin.
Le choix de l’aspirant Herber d’embrasser la carrière des armes le conduira à être un acteur du drame qui se joue à l’été 1900, auquel la presse et la littérature de l’époque donneront un large écho. René Bazin a consacré un ouvrage à évoquer la carrière de l’aspirant Henry qui défendit la cathédrale. Pierre Loti, en 1901, décrit dans Les Derniers jours de Pékin le siège de la légation française. Pendant les « 55 jours de Pékin », une poignée de marins français et de soldats occidentaux auraient mis en échec des hordes asiatiques fanatisées.
L’empire chinois, entre 1890 et 1905, semble se disloquer. C’est le « break up of China » provoqué par les appétits des puissances du temps. Et d’abord par ceux de ses voisins. Les Russes sont en Mandchourie et en Chine du nord. Ils ont investi 31% des capitaux étrangers. Le Japon en 1895 a humilié l’empire et a imposé le honteux traité de Shimonoseki. Puis il y a les Européens : la Grande-Bretagne qui contrôle l’énorme bassin du Yang-Tsé ; l’Allemagne est à l’est, dans la péninsule du ChanToung. Elle a investi 164 millions de dollars. La part de la France n’est que de 11% du capital étranger, mais elle a imposé la traité de Tien-Tsin en 1884, est présente au centre (Guangxi) et au Yunnan, proche du Tonkin. Et puis, il y a les Etats-Unis, la Belgique, l’Italie, l’Autriche-Hongrie.
C’est « la ruée vers la Chine ». Le pays échoue à se réformer et l’impératrice douairière Tseu-Hi (Cixi) exerce pour la 3ème fois la régence (1898-1908), faisant échec à toute politique cohérente de réformes. Elle soutient en sous main l’agitation violente et xénophobe des « Boxers », une secte traditionaliste qui lève des milices, multiplie les attaques contre les étrangers et les chrétiens chinois convertis.
Dans tout l’est du pays, la révolte flambe. A Pékin, Occidentaux et Chinois chrétiens vont chercher refuge dans les légations. Les puissances se mobilisent. Le vaisseau français Descartes force le passage des forts de Takou, arrive à Tien-Tsin (à l’est de Pékin) avec l’aspirant Herber et 50 fusiliers. Après 4 heures de train, les Français sont à « Péking » avec Américains, Italiens, Japonais. Herber, avec 15 hommes, participe à la défense de l’enclos du Peitang où se trouve la cathédrale, puis met en état de défense la légation française.
Il fait creuser des fossés, ériger des barricades, établir le plan de feu. Il dispose ses 45 hommes soutenus par des volontaires civils. Ainsi d’un capitaine de troupes coloniales, un capitaine du corps des « Marines », un hôtelier suisse, un chef d’orchestre portugais et même une cantatrice russe qui chante des airs d’opéra sous les balles. Et l’épouse d’un diplomate autrichien, Mme Von Rosthorn, « marraine soignante » des marins français. Elle a de l’allure et l’aspirant Herber n’aurait pas été indifférent à l’effet de certaine blouse de dentelle…
La chaleur, la poussière, la fusillade, les incendies. Les « Boxeurs » se déchaînent, soutenus par l’armée régulière après la déclaration de guerre officielle de l’empire chinois. Etait-ce la fin ?
HERVE LE BLANCHE