Pendant le court répit de son règne Henri IV fut tenté par l'établissement d'un port sur le littoral languedocien
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Pourquoi Henri IV ?
Ce n'est qu'à la fin du XVIè siècle (1596) que la royauté (Henri IV) manifesta la volonté d'établir un port entre Marseille et la Catalogne. Il fallait pour cela un faisceau de causes naturelles, politiques, militaires. C'est au sortir de la longue crise des guerres de Religion (1562-1598) où faillit sombrer le royaume de France, pendant le court répit du règne d'Henri IV, que fut tenté l'établissement d'un port sur le littoral languedocien.
Du Rhône à Leucate se déploie un littoral sableux percé de canaux naturels : les graus. Mais l'exemple de Frontignan le montre bien, ces graus ne pouvaient porter que des navires de petit tonnage et ils s'ensablaient. Selon Emile Bonnet (Le Premier port de Cette construit sous le règne d'Henri IV, Montpellier 1928) Frontignan fut un port actif qui drainait les produits des ports de l'étang de Thau (Marseillan, Mèze en relation avec les foires de Beaucaire, Bouzigues, Balaruc) et alimentait un certain trafic avec l'Espagne et l'Italie. Mais le grau de Frontignan s'ensabla et ne fut plus d'aucune utilité après 1620. Au total, résume l'auteur du chapitre 3 de l'Histoire de Sète, "Aucun port ne donne directement sur la mer (voir Agde), aucune rade n'est protégée, défauts majeurs sur un golfe sujet à de brusques tempêtes…" Le littoral, dépourvu d'abris pour les navires marchands, était de surcroît dépourvu d'installations militaires et offrait à un ennemi éventuel des centaines de kilomètres de la frontière maritime du royaume à qui voudrait la forcer. Henri de Navarre, devenu roi de France après l'assassinat de son cousin Henri III en 1589, avait de bonnes raisons de penser qu'il fallait remédier à cet état de choses.
Ainsi, la première raison avancée par l'arrêt du Conseil d’État rendu à Amiens le 13 juillet 1596 est militaire : "Sur le Rapport faict au Conseil par Monsieur le duc de Montmorency connestable de France, gouverneur et lieutenant général pour le Roy au pays de Languedoc, de la visite qu'il a faicte estant au dit pays, en vertu des lettres patentes du Roy… depuis Agde jusques en Aigues Mortes, pour recongnoistre les lieux faibles et dangereux et sur lesquels les ennemys de Sa Majesté, Espaignols et autres, pourraient faire entreprise et descente…" Henri IV, tout comme Montmorency le gouverneur du Languedoc, connaissait le danger. Le parti catholique groupé dans la Sainte Ligue catholique avait, dès les années 1570, fait appel à l'Espagne. En Languedoc, quand se déchaîne la huitième guerre de Religion (1585-1598), les Espagnols arrivent par terre jusqu'à Narbonne et Leucate. Montmorency les en chassera, tout comme il repoussera les 6 000 soldats espagnols débarqués à La Franqui. D'ailleurs, en 1596, Henri IV guerroie sur la Somme et ne prendra Amiens qu'en 1598. Les guerres de Religion tournaient à l'affrontement franco-espagnol.
Il fallait donc avant tout sécuriser la frontière sud du royaume et pour cela : "unG port de mer bon et ass(e)uré, pour… y tenir vaisseaux et gallaires pour la sûreté de la coste…" Et le roi en "son Conseil" prendra aussi d'autres décisions.
Hervé le Blanche