"C'est une explosion de haine" : comment la Tunisie s'embrase autour de l'immigration subsaharienne après les propos du président Kaïs Saïed
Prière de ne pas sortir de chez soi, "au moins jusqu'au 6 mars 2023". Cette sombre consigne, donnée par l'Association des étudiants et stagiaires africains en Tunisie, circule ces derniers jours sur les réseaux sociaux. En cause : "une hausse des agressions" envers les étudiants noirs dans le pays, comme l'explique son président, Christian Kwongang. "Cela existait avant, mais le discours présidentiel a aggravé les problèmes", déplore-t-il.
Le "discours" en question, c'est une déclaration polémique de Kaïs Saïed, président élu en 2019, qui gouverne seul depuis juillet 2021, après avoir limogé son Premier ministre et neutralisé le Parlement. Lors d'un conseil de sécurité organisé le 21 février, le dirigeant a évoqué une "entreprise criminelle (...) pour changer la composition démographique de la Tunisie" à travers l'immigration venue d'Afrique subsaharienne.
Depuis cette prise de parole, les immigrés noirs subissent une vague de violence inédite à travers le pays, comme le rapporte RFI. Des passages à tabac, des attaques à l'arme blanche et des expulsions sommaires ont été signalées par des associations antiracistes. Embourbée dans une crise économique, en pleine impasse démocratique, la Tunisie se crispe. Et beaucoup craignent désormais que les minorités ne soient accusées de tous les maux.