La Semaine mondiale pour un bon usage des antibiotiques commence ce jeudi 19 novembre 2020
A l’occasion de la semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens et de la journée européenne d’information sur les antibiotiques, Santé publique France et ses partenaires publient les données 2019 de la consommation et de la résistance aux antibiotiques.
La résistance aux antibiotiques rend inefficace un ou plusieurs antibiotique(s) contre une infection bactérienne. Ce phénomène peut conduire à la difficulté, voir l’impossibilité de traiter certaines...
- L’antibiorésistance : un enjeu majeur de santé publique
- Des efforts à poursuivre pour inscrire les tendances récentes à la baisse dans la durée
- Chiffres clés 2019
- Suivre l’évolution des indicateurs de l’antibiorésistance avec notre observatoire Géodes
- Lutter et prévenir la consommation des antibiotiques en Europe et dans le Monde
L’antibiorésistance : un enjeu majeur de santé publique
L’antibiorésistance est identifiée par l’Organisation mondiale de la santé comme l'une des menaces les plus sérieuses pour la santé publique qui impose une approche « Une seule santé », considérant l’imbrication de la santé humaine, la santé animale et celle des écosystèmes. L’utilisation des antibiotiques génère, au fil du temps, une augmentation des résistances bactériennes menaçant à terme l’efficacité de ces traitements. Ces résistances diffusent parmi les êtres vivants et dans l’environnement.
2 PILIERS POUR LUTTER EFFICACEMENT CONTRE L’ANTIBIORÉSISTANCE
- Prévenir les infections et limiter la transmission des bactéries et des gènes de résistance
- Utiliser les antibiotiques à bon escient (ceux qu’il faut, quand il faut)
Depuis 2016 en France, une feuille de route interministérielle pour la maîtrise de l’antibiorésistance coordonne les actions en santé humaine, en santé animale et dans l’environnement dans une perspective « Une seule santé » ("One Health"). Chaque année, une synthèse des données actualisées est publiée par Santé publique France et ses partenaires à l’occasion de la journée européenne de résistance aux antibiotiques du 18 novembre.
Cette année, la publication de cette synthèse s’inscrit dans le contexte de l’épidémie de COVID-19 : bien que les virus ne soient pas sensibles aux antibiotiques, les infections virales respiratoires sont l’objet de nombreuses prescriptions d’antibiotiques, le plus souvent inutiles, qui contribuent à la pression de sélection des bactéries résistantes. La prévention des infections virales respiratoires favorise la maitrise de l’antibiorésistance, comme le fait la prévention de toutes infections.
DOCUMENTS À TÉLÉCHARGER
- Antibiotiques et résistance bactérienne : une infection virale respiratoire évitée, c'est un antibiotique préservé !
- La consommation d'antibiotiques en secteur de ville en France, 2009 - 2019. Santé publique France. Octobre 2020.
- Surveillance de la consommation des antibiotiques et de la résistance bactérienne en établissements de santé. Résultats préliminaires, données 2019. Mission nationale Spares. Octobre 2020.
- Surveillance de la résistance bactérienne aux antibiotiques en soins de ville et en établissements pour personnes âgées dépendantes. Synthèse des résultats 2019. Mission Primo. Octobre 2020.
Des efforts à poursuivre pour inscrire les tendances récentes à la baisse dans la durée
En santé humaine, les données publiées par Santé publique France concernent les trois secteurs de soins (établissements de santé, établissements médico-sociaux, soins de ville).
Cette année, les travaux des missions Spares et Primo se développent. La participation aux réseaux de surveillance s’étoffe et renforce la portée des résultats 2019.
- Pour la mission Spares, 991 établissements de santé (versus 441 en 2018) ont participé à la surveillance de la résistance bactérienne, représentant 50% des lits d’hospitalisation en France.
- Pour la mission Primo,13 régions ont été couvertes (versus 11 en 2018) par cette surveillance en secteur de ville (1016 Laboratoires d'Analyses de biologie médicale (LABM) et 231 Ehpad rattachés à un ES en 2019 versus 742 LABM en 2018).
- La surveillance de la consommation d’antibiotiques en établissement de santé (Spares) a concerné 1 734 établissements de santé (versus 1630 en 2018), représentant 80% des journées d’hospitalisation réalisées en France en 2019.
LA CONSOMMATION GLOBALE DE CONSOMMATION DES ANTIBIOTIQUES AMORCE UNE LENTE DIMINUTION
En établissement de santé, la consommation globale des antibiotiques, exprimée en doses définies journalières (DDJ), est de 285 en 2019. Elle affiche une baisse cumulée de 9,6% entre 2015 et 2019.
L’évolution de la consommation par type de molécule sur la période 2012-2019 montre une réduction de la consommation des fluoroquinolones (-34,9%) et de l’association amoxicilline-acide clavulanique (-16,9%). A l’inverse, elle montre une progression de la consommation des carbapénèmes (+9,4%), des céphalosporines de 3ème génération (10,7%) et de l’amoxicilline (8,7%).
En secteur de ville des résultats encourageants sont aussi observés : la consommation globale des antibiotiques, exprimée en doses définies journalières (DDJ), demeure stable mais s’oriente récemment à la baisse. Exprimée en nombre de prescriptions, elle baisse de 18% de 2009 à 2019.
LA RÉSISTANCE AUX CÉPHALOSPORINES DE 3E GÉNÉRATION DIMINUE CHEZ LES ENTÉROBACTÉRIES
En termes de résistance aux antibiotiques, le mécanisme de résistance aux C3G le plus fréquent (environ 80 % des cas) est la production de bêta-lactamase à spectre étendu (BLSE).
En établissement de santé, 8,5% des souches d’entérobactéries sont productrices d’une BLSE (EBLSE) en 2019. La densité d’incidence des infections à EBLSE est de 0,53 pour 1 000 journées d’hospitalisation (JH, soit 3 fois plus importante que celle des infections à Staphylococcus aureus résistantes à la méticilline (0,17 pour 1 000 JH). Elle varie selon l’espèce d’entérobactéries : 0,25/1000 JH pour Escherichia coli, 0,17 pour Klebsiella pneumoniae et 0,07 pour Enterobacter cloacae complex, qui sont les trois espèces d’EBLSE majoritairement isolées.
En secteur de ville, concernant Escherichia coli, bactérie la plus fréquemment isolée en laboratoire de ville, on observe une baisse de la résistance aux céphalosporines de 3e génération parmi les souches isolées de prélèvements urinaires : en soins de ville comme en Ehpad.
CHIFFRES CLÉS 2019
- En santé humaine, 93 % des antibiotiques sont dispensés en médecine de ville et 7 % en établissements de santé ; parmi ceux dispensés en ville, 15 % relèvent d’une prescription hospitalière.
- La consommation d’antibiotiques amorce une lente diminution en établissement de santé (-9,6% depuis 2015 exprimée en DDJ). Elle baisse de 18% de 2009 à 2019 en secteur de ville lorsqu’elle est exprimée en nombre de prescriptions.
- Les niveaux de consommation observés en santé humaine en France demeurent 30% au-dessus de la moyenne européenne (données ECDC). Il est donc primordial de continuer à promouvoir et d’amplifier les actions en faveur d’un bon usage des antibiotiques auprès de tous les acteurs concernés : citoyens, patients, professionnels de la santé humaine et animale, et décideurs.
- La résistance bactérienne chez les entérobactéries, en particulier chez Escherichia coli, amorce elle aussi une diminution en ville et en établissement de santé. Elle reste à inscrire dans la durée.
Suivre l’évolution des indicateurs de l’antibiorésistance avec notre observatoire Géodes
Les indicateurs de consommation d’antibiotiques et de résistance aux antibiotiques en secteur de ville et en établissement de santé sont disponibles, via notre plateforme Géodes (https://geodes.santepubliquefrance.fr/). Ils permettent de mieux suivre et comprendre l’évolution des indicateurs de l’antibiorésistance en France grâce à une visualisation interactive et par territoires.
INDICATEURS DISPONIBLES DEPUIS GÉODES
Pour la consommation d’antibiotiques en ville, les deux indicateurs publiés depuis novembre 2018 par Santé publique France (DDJ et prescriptions) sont à présent disponibles pour chaque année sur la période de 2009 à 2019. Ils se déclinent par famille d’antibiotiques, par territoire (région et département) et par tranche d’âge (8 au total).
Pour la résistance bactérienne en secteur de ville, les trois indicateurs concernent la bactérie Escherichia coli isolée de prélèvements urinaires : la production de béta-lactamase à spectre étendu, la résistance aux céphalosporines de 3e génération et la résistance aux fluoroquinolones. Ils se déclinent pour les patients vivant à domicile et pour ceux vivant en Ehpad.