La Grange de Berlou
A Berlou au nord de Saint Chinian, au 3 rue de Caladou, sont situées les installations du domaine viticole "La Grange Léon". C'est là que sont vinifiées et vendues les récoltes des vignes de cette zone particulière des Hauts Cantons. Véronique et Joël Fernandez y élaborent des nectars bien propres à réjouir les palais régionaux et internationaux.
Comme disait Brassens, Joël Fernandez a dû "naître au pied d'une souche". Une de ces souches bien racinées qui vont chercher dans les schistes nourriture, chaleur et saveurs. Depuis des siècles, les hommes ont su, avec le jus des fruits de la vigne, élaborer des liquides que les anciens Grecs trouvaient dignes des dieux. Mais, élaborer ces boissons, c'est tout un art et n'est pas vigneron – un vrai selon J. Fernandez – qui veut.
Il faut tenir compte de l'exposition des parcelles, de l'ensoleillement. Savoir quel raisin se récolte "le matin très tôt", quel est son degré de maturation. Pour cela, le maître de La Grange Léon a recours à un œnologue, son "toubib". Et les prescriptions de celui qui veille sur la maturation tous les 2 jours permettent de produire des vins blancs à 12°, dont le "Petit Marcel", léger, rafraîchissant. Chaque cépage a ses exigences, telle la Syrah ou le Mourvèdre.
Ce dernier doit subir une sorte de pré-vendange. Il faut couper une grappe sur deux pour que les grains n'entrent pas en contact. Sinon, la pourriture gagne. Cela ne peut être fait qu'à la main, comme d'ailleurs toute la récolte. Certes, les nouvelles machines sont plus sélectives et le coût de la main d'œuvre est élevé.
A La Grange Léon, même cueillie à la main, la récolte est triée sur un tapis roulant ! Bien sûr, en cette année pluvieuse, il a fallu traiter. Mais M. Fernandez pratique une agriculture raisonnée. Il serait tenté de passer en "bio".
Il n'a pas pu le faire cette année, devant surmonter deux terribles épreuves de santé et ne pouvant s'impliquer autant qu'il le faudrait.
L'envie est là pourtant. Cette envie qui lui a fait quitter la coopérative fondée par son grand-père au milieu des années 60 et lui a permis de faire face à d'importantes difficultés en 2008.
On ressentait alors la crise économique et la récolte était payée non plus en AOC, mais comme vin de table. L'exploitation de 6 ha permettrait-elle de s'en sortir ? Arracher ? Autant s'arracher les tripes ! Et puis, ce fut le début d'une nouvelle aventure : récolter, vinifier, commercialiser sur 20 ha.
Et aujourd'hui, 19 cuves de 10 à 50 hl - selon les besoins de la vinification - alimentent la vente des blancs, rosés et rouges du domaine. Au total, une vraie PME familiale qui commercialise 27 000 cols par an. Alors, M. Fernandez démarche les particuliers, fréquente les salons.
Et il exporte au Luxembourg, en Belgique, en Allemagne, en Ecosse. Ses vins, plusieurs fois primés, figurent au guide Hachette. Nous nous en sommes entretenus en pleine vendange.
Et M. Fernandez a parlé aux gens de la ville de schistes et de soleil, de terroirs et de racines, et de passion.
H. Le Blanche.
(Avec le portrait du grand-père à l'arrière plan des photographies)