Alexandre Laissac (1834-1913), le bâtisseur.
Laissac était une notabilité de l'Hérault. Mais c'est surtout comme maire de Montpellier qu'il s'est illustré. On doit à son action bien des aspects du centre-ville d'aujourd'hui. En témoignent, de nos jours, les halles qui portent son nom près de la rue de la Saunerie. On devait bien cela à celui qui fut un grand maire, de 1878 à1892.
Les sources les plus accessibles indiquent qu'il naquit dans les Hauts Cantons de l'Hérault, à Olargues, de Laurent Laissac, boulanger et de Rose Berbié. Si l'on nous dit qu'il alla vivre à Montpellier chez son oncle Gustave Laissac (1809-1858) procureur à la cour d'appel de Montpellier, on ne nous dit rien sur son parcours qui le fera "propriétaire" lors de sa nomination de maire en 1878. Il fit des Hauts Cantons un des lieux de son action. Le 1er août 1880, il est élu conseiller général du canton d'Olargues et en 1895, il présidera le conseil général de l'Hérault. Il fut à l'origine de la construction, par la compagnie du Midi, de la ligne de chemin de fer Bédarieux-Mazamet.
Elle atteignit Saint Pons en 1889, desservant 9 stations dont Lamalou les Bains et Olargues. Ce tracé est devenu "la voie verte" qui fait le bonheur des randonneurs à travers les Hauts Cantons. On a donné son nom au nouveau collège d'Olargues et une statue perpétue son souvenir. Mais c'est Montpellier qu'il va marquer de son empreinte, bien que son souvenir y soit peu évoqué. Ainsi, on ne sait pas assez que le groupe statuaire encadrant l'entrée du Peyrou a été commandé par Laissac au sculpteur biterrois Jean-Antoine Injalbert qui le réalisa en 1883.
C'est ce dernier qui collabora à la décoration du théâtre. L'ancien bâtiment ayant brûlé en 1881, on choisit de construire du neuf. Le jury où siégeait le célèbre Charles Garnier (oui, celui de l'opéra de Paris) choisit le projet de Marie Cassieu-Bernard, élève du dit Garnier. Cassieu-Bernard dut toutefois céder la place à Arthur Sassua pour terminer le chantier. Et le 1er octobre 1888, avec la représentation des "Huguenots" de Meyerbeer, l'inauguration du nouveau théâtre eut lieu. Tout au long de ses mandats successifs, Alexandre Laissac fit œuvre d'urbaniste. Il bouleversa le centre de Montpellier en achevant le percement de la rue Foch et en aménageant devant la Préfecture un square avec une fontaine. L'édile prit soin de pourvoir la ville de halles-marchés. L'une, place du Marché aux fleurs, ne subsiste pas de nos jours. L'autre au bas du boulevard Jeu de Paume. La halle, de structure métallique, avait une forme de polygone à 18 côtés. En 1966, un bâtiment cylindrique en béton, pourvu d'un parking, la remplace, vite appelé "marché rond". Il a été à son tour détruit. Depuis peu, une nouvelle halle a été reconstruite, inspirée de celle d'origine. Et elle est dénommée "Alexandre Laissac".
Celui qui fut chevalier de la Légion d'honneur en 1885, puis promu officier en 1899, est en partie oublié aujourd'hui. Pourtant, témoignent de son action bâtiments et monuments qui composent le visage de la métropole languedocienne.
Hervé Le Blanche
Photo : Hervé le Blanche