De Berlou et du commencement des mondes

Berlou est un petit village des Hauts cantons de l'Hérault, il détient la maison du Cambrien ou musée de paléontologie, l’aboutissement d’une passion. Plus de 350 fossiles y sont exposés, dont essentiellement des trilobites. 

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 On peut l'atteindre à partir de la route de Saint Chinian à Mazamet en bifurquant vers Ferrières-Poussarou et La Treille, suivant une voie étroite aux abords parfois vertigineux à travers de très vieilles montagnes. Ou directement à partir de St Chinian. A Berlou, outre une auberge, la cave coopérative et des vignerons indépendants, grâce à la "Maison du Cambrien", on peut se tourner vers des nourritures moins terrestres.

 La "Maison du Cambrien" est un musée paléontologique, créé (2008) et animé par M. Francis Fernandez. Il est l'aboutissement de la passion qui l'anima tout au long de sa vie, celle de recueillir les témoignages du commencement du monde, des débuts de la vie sur la Terre. Passion transmise par son père (trop tôt disparu à 45 ans) dont M. Fernandez évoque la mémoire avec son premier fossile trouvé à l'âge de 10 ans.

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Et puis il y a eu l'aide et les conseils éclairés de l'abbé Courtessole de Carcassonne (1904-1990). Alors, au fil des ans, au hasard des travaux de la viticulture ou de recherches lorsque la besogne était moins pressante, se constitua sa collection de fossiles. En 2008, toute la famille s'unit pour bâtir le musée. Aujourd'hui, tous les après-midis en saison, M. Fernandez montre le fruit de ses recherches aux visiteurs, satisfaisant son goût du contact humain et la nécessité de transmettre son expérience. Ce n'est pas toujours facile. Mais malgré une communication qui pourrait être meilleure (hors les querelles de clocher), en 5 ans, la "maison du Cambrien" a vu passer 4 500 visiteurs.

Le Cambrien est le premier étage géologique de l'ère Primaire, de -600 à -500 millions d'années (Ma). Dans les mers de cette époque, se déposaient des sédiments, futures argiles et schistes qui ont piégé les premières formes de vie, en particulier les Trilobites. Ils sont ainsi nommés car leur corps comporte 3 parties : une tête pourvue d'yeux rudimentaires (les pélagiques), un important thorax terminé par un appendice, le pygidium.

La famille la plus représentée est celle des conocoryphes, tel le Conocoryphe brevifrons local, mais aussi des spécimens espagnols, portugais, marocains. Puis, les fosses cambriennes se comblèrent, suivies par d'autres dépôts avant l'émergence de la chaîne hercynienne. Les soubresauts tertiaires de l'écorce terrestre portèrent tous les terrains du Primaire en altitude, chevauchant les terrains du Secondaire.

Car il y eut une terre, comme l'indique la tradition et, à l'ère secondaire (-181 à -135 Ma), les formes de vie terrestre se développent avec les dinosaures dont certains s'essayaient à voler, tel l'Archéoptéryx dont l'empreinte est restée dans une plaque calcaire. L'évolution géologique explique pourquoi, en arpentant les montagnes alentours, en creusant parfois à un mètre, M. Fernandez a pu trouver une grande partie des fossiles exposés dans sa "maison".

Il rend aussi hommage aux mineurs de Graissessac et expose de grandes plaques du Carbonifère portant les empreintes de fougères hautes, une calamite, gigantesque roseau d'il y a -350 Ma. Avec M. Fernandez, on tourne les pages du livre du commencement des mondes.

Hervé Le Blanche